En équilibre by Morgane Moncomble

Auteur:Morgane Moncomble [Moncomble, Morgane]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Hugo Publishing
Publié: 2021-05-12T04:00:00+00:00

22

Lara

* * *

Casey Thomas m’embrasse.

Ou plutôt, il essaie. Je peux presque sentir ses lèvres sur les miennes lorsqu’un bruit de verre cassé nous fait tous les deux sursauter.

Deux garçons commencent à se battre au cœur des danseurs, un verre éclaté à leurs pieds, tandis qu’une fille tente de les séparer. Soudain, le moment est passé. Ma petite bulle parfaite éclate et je prends conscience du froid, du monde, de la musique trop forte, ainsi que du vide près de moi.

Tu vas passer par-dessus, espèce d’idiote ! Touche la barrière, vite. Huit fois devraient suffire.

Je n’essaie même pas de résister. J’ai bu, j’ai mal au crâne, et je sais comment mes tentatives d’ignorer Nana finissent toujours.

Résister devient de plus en plus douloureux. C’est impossible, tout simplement. C’est comme vouloir réprimer un éternuement, ou pire : ignorer une démangeaison d’orties. C’est une impulsion qui, si ignorée trop longtemps, peut rendre complètement fou.

C’est pourquoi je touche la barrière d’une façon très spécifique tandis que Casey retire son écharpe.

Tu l’as bien fait huit fois ?

Oui.

Tu es sûre ? Je crois que tu en as manqué un.

Oui, j’en suis certaine. Lâche-moi.

Mmh. Tu devrais recommencer, juste au cas où. Je fais ça pour toi, ma petite ! Pas besoin de s’énerver.

Je n’ai pas envie. Je suis fatiguée. Je veux rentrer.

Si tu ne le fais pas correctement, tu vas passer par-dessus ! Sept fois porte malheur. Recommence, fais-moi confiance. Après ça, tu pourras rentrer.

Je manque de fondre en larmes à cause de la frustration. Casey enroule son écharpe autour de mon cou tandis que je recommence à la demande de Nana. Elle me félicite.

– On peut y aller ?

Casey acquiesce sans rien dire et me ramène à l’intérieur. Je remarque Chhavi au loin, se servant un verre en compagnie d’une fille inconnue. Je lui fais signe que j’y vais et elle m’adresse un salut de la main.

Dans l’ascenseur, je ferme à nouveau les yeux. Je vacille légèrement dans le lobby de l’entrée, mais Casey pose ses mains sur mes épaules pour me stabiliser.

– Quelle soirée ! C’était…

– Intéressant.

Il me regarde, peu convaincu, et nous éclatons de rire. C’était une catastrophe : nous sommes restés dans notre coin sans parler à personne, et pourtant j’ai tout de même passé un super moment, si ce n’est l’apparition de Nana. Elle gâche toujours tout, de toute façon.

Casey et moi nous engouffrons dans le métro en silence. Beaucoup de gens s’affairent autour de nous, comme le veut un samedi soir. Dans les escaliers qui mènent au quai, ses doigts s’accrochent et s’entremêlent aux miens. Mon cœur bat la chamade, ma peau me brûle sous l’épais velours de ma robe.

Et dire qu’il était sur le point de m’embrasser ; sur le toit terrasse du Grand Penthouse, de surcroît ! L’alcool me rend de toute évidence bien courageuse.

Les portes du métro se referment derrière nous. Casey me dit de m’asseoir sur le dernier siège libre, mais je préfère rester debout. Un musicien de rue joue du violon au bout du wagon, son sac ouvert par terre pour récupérer les pièces des gens pressés.

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