El Apocalipsis by Céline Jeanne

El Apocalipsis by Céline Jeanne

Auteur:Céline Jeanne [Jeanne, Céline]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions Alter Real
Publié: 2022-06-16T22:00:00+00:00


* * *

1 Bon garçon.

Chapitre 12

Eleonor

Quand le clic de la gâche retentit dans la serrure, un iceberg de la taille de celui qui a coulé le Titanic émerge dans ma gorge : Apocalipsis vient de refermer la porte à clé.

— Princesa, ferme la porte à clé, je te l’ai déjà dit.

Par-dessus mon épaule, je vérifie la serrure, et à mon grand étonnement, la clé est dedans. Apocalipsis capte mon regard où la peur danse avec la surprise, et il lève les paumes devant lui, comme il l’aurait fait avec un animal apeuré.

— Jour de fête à la Centrale = baisodrome, se justifie-t-il. Je me suis dit que tu n’apprécierais pas d’avoir des visiteurs…

Il tend la main vers la clé dans la serrure, un sourire narquois aux lèvres.

— Si tu préfères, je laisse ouvert.

Je secoue la tête à la hâte.

— Non, c’est bon, bredouillé-je.

Aucune envie d’avoir des visiteurs. Je fixe la porte close, mais malgré la clé dans la serrure, l’iceberg qui obstrue ma gorge devient une montagne qui cherche à rivaliser avec l’Everest.

— Pourquoi la porte était ouverte, Princesa ?

Je déglutis, pour le chasser, mais rien n’y fait, il est toujours là, aussi dur que le granit et aussi coupant que le silex.

— Tu sais que je déteste quand tu laisses la porte ouverte, personne ne doit rentrer. Quand vas-tu apprendre la leçon ?

Le goût métallique du sang inonde ma bouche, je me suis mordu l’intérieur de la joue, mais la douleur ne vient pas. La couverture protectrice du brouillard envahit mon esprit.

— Tu vas encore m’obliger à…

Des doigts claquent devant mes yeux, et je sursaute.

— Reviens avec moi, Nur.

Les yeux cristallins d’Apocalipsis m’observent, et je crois y déceler une lueur d’inquiétude.

— Je laisse la clé sur la serrure, m’explique-t-il en me montrant la porte, sans cesser de me dévisager. Tu n’es pas prisonnière, si tu veux sortir, tu peux.

Un sourire taquin étire ses lèvres, et son pouce vient caresser ma joue. Ses yeux m’absorbent, tout entière, et me réchauffent. La glace qui me recouvrait commence à fondre.

— Si tu veux rester, tu peux aussi.

Il laisse s’écouler quelques secondes, m’étudiant comme s’il essayait de lire en moi.

— Igni est entre de bonnes mains, et c’est juste le temps de vérifier ton dos.

Si je veux partir, je peux.

Si je veux rester, je peux aussi.

Pouvoir. Je peux choisir. Plutôt que d’éprouver du soulagement, la panique me submerge face à cette possibilité toute neuve.

— Une école d’art ? Enfin Lucía, ça ne débouche pas sur un bon métier. Non, tu seras infirmière, c’est un bon travail pour une femme. C’est ça, ou tu restes à la maison.

— Princesa, mets la robe prune.

— Lucía, tu as dû faire quelque chose pour le mettre dans un cet état. Va te faire pardonner, et tout rentrera dans l’ordre.

Faire ce que je veux ? Je n’ai jamais pu.

Son pouce continue de tracer le contour de mes pommettes trop saillantes, et moi, je me laisse entraîner par le fleuve de ses yeux, le souffle court.

Partir.

Rester.

Partir.

Rester.

Je peux décider.



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