Dysphoria Mundi by Paul B. Preciado

Dysphoria Mundi by Paul B. Preciado

Auteur:Paul B. Preciado [Preciado, Paul B.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature espagnole, Essai, Philosophie
ISBN: 9782246830641
Google: XaHyzgEACAAJ
Éditeur: Grasset
Publié: 2022-03-14T22:00:00+00:00


Truth is out of joint

Intérieur, extérieur. Plein, vide. Sain, toxique. Homme, femme. Blanc, noir. National, étranger. Culturel, naturel. Humain, animal. Centre, périphérie. Ici, là. Analogique, numérique. Vivant, mort. La vérité a pété les plombs. Le vrai était effectivement, comme le disait le masculiniste Guy Debord, un moment du faux. La généalogie de la pandémie est loin d’être claire. Plus de deux ans après, on ne sait pas d’où vient le virus. À Wuhan, ils disent qu’un Allemand l’a apporté. Aux États-Unis, que la Chine l’a envoyé pour mettre fin à l’hégémonie de l’économie américaine. On a dit qu’il s’agissait d’une zoonose, une forme de production virale qui a lieu lorsqu’un animal sauvage entre en contact avec la culture humaine. L’Institut de virologie de Wuhan a été mentionné. Il a été dit qu’il pouvait s’agir d’une erreur scientifique dans la manipulation d’un virus.

Progressivement, au cours de l’année 2021, tous les regards sont rivés sur l’Institut de virologie de Wuhan, le premier au monde à disposer d’un « laboratoire P4 », ou « biosécurité 4 », c’est-à-dire capable de travailler avec des agents pathogènes dits « de niveau 4 ». Mais porter des accusations contre l’Institut impliquerait d’entrer immédiatement en conflit diplomatique avec la Chine. Les agents pathogènes sont classés sur une échelle croissante de 1 à 4 en fonction de leur dangerosité, de leur taux de létalité et de leur potentiel infectieux, ainsi que d’autres critères tels que l’absence de traitement médical ou de vaccin efficace. L’Institut de virologie de Wuhan affirme toutefois que le chiffre 4 ne fait pas seulement référence à la dangerosité de l’agent pathogène, mais aux mesures de sécurité nécessaires pour manipuler ces organismes, germes, virus ou segments d’ADN.

Un laboratoire P4 est, comme le panoptique et l’hôpital l’ont été au XIXe siècle, l’architecture paradigmatique qui définit les conditions du contrôle pharmacopornographique. Il s’agit d’une enceinte de sécurité maximale, ou plutôt, pourrait-on dire, d’insécurité maximale, un espace totalement hermétique composé de modules étanches protégés par des portes hermétiques et des dispositifs anaérobies de prévention des incendies : si un incendie devait se déclarer, des gaz inertes seraient automatiquement injectés dans le laboratoire, neutralisant l’oxygène et empêchant la propagation du feu. Car le danger ici ne vient pas de l’extérieur, il est déjà à l’intérieur : ce sont les virus produits et manipulés dans le même espace qui représentent la menace maximale. Les conditions de sécurité dans un laboratoire P4 sont si extrêmes qu’il est même difficile d’imaginer qu’elles soient compatibles avec le développement de ce que nous avons jusqu’à présent considéré comme étant la vie humaine : les travailleur.se.s utilisent « un équipement de protection comprenant une enveloppe extérieure résistant aux fluides, plusieurs couches de gants et un respirateur à pression positive relié à une source qui souffle de l’air à travers un filtre situé dans la tête, et cet air est propre et sort sous pression. Le virus ne sort de sa boîte que pour travailler à l’intérieur de la cabine. Si, par hasard, quelqu’un débouche un



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