Donner vie au royaume by Pascale Mormiche

Auteur:Pascale Mormiche [Mormiche, Pascale]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Grossesses et maternités à la cour de France (XVIIe-XVIIIe siècles)
Éditeur: © CNRS Éditions, 2022
Publié: 2022-04-28T00:00:00+00:00

1704, un été en fêtes

Si le premier duc de Bretagne, premier arrière-petit-fils de Louis XIV, est bien oublié de nos jours, on n’imagine plus l’ampleur des fêtes qui ont accompagné sa naissance, le 25 juin 1704. La naissance d’un héritier mâle de quatrième génération est accueillie par une explosion de joie qui fait oublier les difficultés du règne. Huit numéros du Mercure Galant suffisent à peine à relater toutes les fêtes du royaume. À Versailles, le Premier maître d’hôtel de la duchesse de Bourgogne, M. de Villacerf, annonce la naissance aux habitants et le soir, organise une illumination dans la première cour du château. Une fête publique est rapidement organisée suivie d’une fête de nuit sur la place d’armes. Des arcs de triomphe sont dressés dans le parc de Versailles et sur la place d’armes. Dangeau fait éclairer dedans et dehors de son hôtel à Versailles et sur la place royale à Paris mais il fait également éclairer la statue équestre du roi au milieu de la place tout en offrant des liqueurs à ceux qui viennent voir les illuminations.

Un mois plus tard, le 26 juillet 1704, Bontemps, Premier valet de chambre du roi et gouverneur du domaine, fait défiler un char à l’effigie d’un Mars descendu des cieux sur Versailles, entouré de danseurs et musiciens figurant notamment Bellone et Pallas. Le cortège parcourt l’avenue de Paris jusqu’à la seconde cour de Versailles, illuminée d’innombrables pots de feu. Louis XIV reçoit l’hommage devant la cour{918}.

À Paris, le lieutenant de police ordonne de fermer les boutiques pour trois jours de réjouissances en attendant que le roi et la cour viennent assister au Te Deum à Notre-Dame organisé par le cardinal de Noailles, archevêque de Paris{919}. Les canons de la Bastille, de l’Arsenal tonnent. Les cloches du Palais et des églises parisiennes sonnent à toute volée. Les boîtes et feux d’artifice explosent. Les hôtels particuliers s’illuminent. Les fontaines de vin coulent à flots, sur du cervelas mis à disposition des sujets dans les rues parisiennes. Un feu de joie est dressé devant l’Hôtel de Ville de Paris le 27 juin 1704 dont une gravure garde la disposition. À l’initiative des bourgeois de la rue Saint-Jacques, est bâtie une espèce de Gargantua qui, chargé de bouteilles, les distribue aux passants, au moyen d’un ressort qui lui faisait allonger et ployer le bras. Et ces fêtes durèrent plus de trois mois puisque chaque corporation voulut manifester sa joie en faisant chanter plus de cent fois le Te Deum, sollicitant ainsi les grands compositeurs Campra, Bernier, Lalouette et Bouteiller notamment.

Début août 1704, le cardinal d’Estrées organise un feu de joie, autrement dit une fête grandiose en soirée, dans son palais abbatial de Saint-Germain-des-Prés. Estrées entend remercier Louis XIV de l’avoir quelques jours auparavant distingué de l’Ordre du Saint-Esprit. Il répond à une suggestion du roi d’organiser une fête en honneur des ducs de Bourgogne et de Berry. C’est un cadeau d’au moins 10 000 écus (50 000 livres).

La fête commence par une salve d’artillerie qui salue l’arrivée des jeunes princes reçus comme des souverains.

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