#Divorcée by Céline Régis

Auteur:Céline Régis [Céline Régis]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: A Éditeur
Publié: 2024-03-10T00:00:00+00:00

CHAPITRE 11

ALLEZ HOP! PRISE 2

Novembre. Après ce cours, j’ai décidé de me prendre en main pour ne pas sombrer et cette prise en charge allait devoir passer par le sport, par des moments où j’allais pouvoir oublier ma vie gâchée pour mieux lâcher prise.

C’était un mardi matin, une belle journée hivernale. Aussi belle que puisse être une journée en hiver. Un beau ciel bleu. Du soleil. J’étais à quatre pattes dans ma garde-robe en train de chercher une paire de skis de fond que j’avais achetée d’un collègue dans un élan volontaire d’aimer l’hiver. Le fond de ma penderie pullulait de chaussures dépassées. J’aurais peut-être dû les ressortir et en faire des chaussures vintage. Toutefois, l’heure n’était pas à la mode, mais plutôt à la nostalgie, parce que chaque paire de chaussures me rappelait un événement de ma vie passée. Je ne pouvais m’empêcher de repenser à nos premières années dans cet appartement où la vie s’ouvrait devant nous comme un terrain de jeu, une forêt à explorer. Les souliers que j’avais portés pour mon mariage étaient enfermés dans une boîte poussiéreuse. Je les avais choisis par goût, mais surtout pour le prix. Repoussant toutes ces chaussures, j’ai trouvé les skis, les bâtons, mais pas les bottes. J’allais tout laisser tomber quand je les ai vues sous une tonne de poussière. Pour ne pas changer d’idée, j’ai cherché rapidement des vêtements sport, une tuque et des gants.

Je suis arrivée près du parc Maisonneuve munie de ma paire de skis, de mes bâtons et de mes bottes. J’ai traversé la rue comme on arrive sur scène, fière comme un paon, avec un grand sourire murmurant à qui voulait bien l’entendre: «Je vais faire du ski. Oui, madame, du ski. Oui, monsieur, c’est la première fois.»

Arrivée au parc, j’ai mis mes bottes, puis cela a pris quelques minutes à comprendre comment les insérer dans les fixations. Je suais déjà et je n’avais même pas commencé à skier! Lorsque je me suis redressée, prête à relever le défi, je suis tombée sur les fesses. J’étais assise dans la neige et je me demandais une fois de plus si je ne devais pas tout abandonner. Mais c’était une solution trop facile. Ce défi représentait bien plus que le ski, pour moi. J’avais l’impression qu’il fallait que je surmonte cette difficulté pour m’en sortir. Je voyais des gens passer, sourire aux lèvres, skiant bien élégamment, laissant glisser une jambe, puis l’autre dans un mouvement gracieux. Oui, j’en étais capable! Je me suis relevée et j’ai poussé un grand cri de joie avant d’avancer maladroitement pour rejoindre la piste de ski. Je skiais depuis quelques minutes lorsqu’un monsieur d’un certain âge, pour ne pas dire d’un âge certain, m’a dépassée pour se positionner devant moi.

— La nature est éblouie par votre beauté, mademoiselle!

Allais-je me faire agresser en plein hiver par un fou des mots? Mais non, aussi vite s’était-il arrêté qu’il a continué sa route.

Je pensais à Gilles Vigneault en admirant cette étendue blanche. Oui, mon pays n’est pas un pays, c’est l’hiver.

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