det_Vers les étoiles. Skyward, tome 1 by Brandon Sanderson

Auteur:Brandon Sanderson [Sanderson, Brandon]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: le Livre de poche
Publié: 2020-08-12T10:31:49+00:00

28

Cette soupe avait meilleur goût que le sang de mes ennemis.

Compte tenu du fait que je n’avais jamais vraiment goûté le sang de mes ennemis, peut-être que ça ne rendait pas justice à cette soupe.

Elle avait meilleur goût qu’une soupe n’aurait dû. Un goût de rires, d’amour, de jouissance. Sa chaleur brûlait en moi comme du carburant de fusée en feu. Je me blottis dans les couvertures, tenant le grand bol sur mon giron, tandis que Kimmalyn et FM bavardaient.

Je ravalai mes larmes. Je n’allais pas pleurer.

Mais la soupe avait un goût qui me rappelait ma maison. Curieusement.

— Je t’avais bien dit que le costume la pousserait à me suivre, disait Kimmalyn assise sur son lit, jambes croisées. Le noir, c’est la couleur de l’intrigue.

— Tu es cinglée, dit FM en agitant sa cuillère. Tu as de la chance que personne ne t’ait vue. Les Rebelles sont bien trop empressés de chercher des raisons d’être offensés.

— Toi aussi, FM, tu es une Rebelle, répondis-je. Tu es née ici, comme nous tous. Tu es une citoyenne des Cavernes Rebelles Unies. Pourquoi tu passes ton temps à faire comme si tu étais autre chose ?

FM sourit avec enthousiasme. Apparemment, elle appréciait ce genre de question.

— Être Rebelle, ce n’est pas qu’une question de nationalité. Ça s’exprime toujours comme un état d’esprit. « Un vrai Rebelle doit penser comme ça » ou « Pour être un Rebelle, il ne faut jamais reculer », ce genre de choses. Donc, selon leur propre logique, je peux me « dérebelliser » à travers mes choix personnels.

— Et… tu en as envie ? m’enquis-je en inclinant la tête.

Kimmalyn me tendit une autre tranche de pain.

— Elle croit que vous êtes tous peut-être un tout petit peu… belliqueux.

— Encore ce mot-là, m’énervai-je. Qui parle comme ça ?

— Les gens qui sont érudits, dit Kimmalyn en buvant une gorgée de soupe.

— Je refuse d’être piégée par des liens d’autocratie et de nationalisme, déclara FM. Pour survivre, notre peuple a nécessairement dû s’endurcir, mais en parallèle, nous nous sommes asservis nous-mêmes. La plupart des gens ne remettent jamais rien en question et s’obstinent à suivre machinalement la routine d’une vie d’obéissance. D’autres ont augmenté l’agressivité au point qu’ils ont du mal à éprouver des sentiments naturels !

— Moi, j’ai des sentiments naturels, assurai-je. Et je combattrai toute personne qui dira l’inverse.

FM me mesura du regard.

— Je réclamerai des épées à l’aube, ajoutai-je en mangeant mon pain. Mais je serai sans doute trop alourdie par le pain pour me lever. Sérieusement, c’est ce qu’on vous sert à manger tous les jours ?

— Et toi, ma chère, qu’est-ce que tu manges ?

— Des rats, répondis-je. Et des champignons.

— Tous les jours ?

— Avant, je mettais du poivre sur les rats, mais je n’en ai plus.

Elles échangèrent un regard.

— C’est une honte pour la FDR, ce que l’amirale t’a fait, reprit FM. Mais c’est une conséquence naturelle du besoin totalitaire de pouvoir absolu sur ceux qui lui résistent – l’exemple même de l’hypocrisie du système.

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