Derrière la grille by Gordon Cotler

Auteur:Gordon Cotler [Cotler, Gordon]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782070485765
Google: Z6QTYAAACAAJ
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1963-04-12T23:00:00+00:00

CHAPITRE VII

Assis à côté du chauffeur, le capitaine Docherty promenait lentement son regard le long des façades des immeubles. Son attention se portait surtout vers les fenêtres du second au quatrième étage des immeubles. Toutefois, un tireur d’élite aurait toutes les peines du monde à se glisser inaperçu dans les bureaux d’une firme respectable, armé d’une carabine de haute précision. Mais les soupentes des entrepôts aux fenêtres opaques de poussière présentaient plus de dangers possibles. Du moins, en ce qui concernait les toits les moins élevés, le nécessaire avait été fait. Tout le long du chemin venant des quais, Docherty avait posté aux points stratégiques des hommes sûrs munis de puissantes jumelles.

Jusque-là, tout s’était bien passé. Il n’y avait guère de badauds intéressés par le spectacle d’un président d’un obscur pays oriental défilant en voiture. La curiosité était surtout provoquée par les escouades de motocyclistes et les rugissements des sirènes. Çà et là, des brochettes de dactylos au visage épanoui surgissaient aux fenêtres, comme des bouquets, ravies de cette occasion d’interrompre leur travail.

À l’arrière de la voiture décapotée malgré les objurgations de Docherty, les voiles blancs du Premier ministre flottaient autour de lui pendant qu’il souriait tour à tour aux piétons et aux gens qui étaient aux fenêtres, distribuant de larges saluts de la main droite. En même temps, il continuait à s’entretenir avec le délégué de la municipalité assis à droite et son propre ambassadeur assis à sa gauche. L’ambassadeur Mahzeer, lui du moins, était vêtu à l’occidentale en complet foncé, pardessus et feutre gris. Le Premier ministre et ces sacrés voiles blancs constituaient une cible idéale, bien que Docherty dût admettre qu’un burnous avait des contours si imprécis, qu’il aurait été difficile d’atteindre un organe vital même avec une lunette de visée.

Il récapitulait son entrevue avec le Premier ministre dans sa cabine pendant que le bateau se rendait de la Quarantaine au quai de débarquement.

Il savait que l’homme d’État avait été journaliste en Angleterre durant plusieurs années, mais il avait été cependant surpris de le découvrir aussi peu oriental, en dépit de son costume. Il s’était trouvé en face d’un homme vif et alerte au regard animé, avec une aisance de manières qui vous donnait l’impression d’être connu de lui depuis des années.

— Votre Excellence, avait-il commencé sans préambule, avez-vous une raison quelconque de penser que vous pourriez être victime d’un attentat pendant la journée que vous passerez à New York ?

— Mon ami… (Il s’arrêta.) Je suis désolé, mais on ne m’a pas dit votre nom.

— Je suis le capitaine Thomas L. Docherty.

— Capitaine Docherty, et ceci tout à fait entre nous, un homme dans ma situation prévoit toujours un certain pourcentage de danger quotidien. C’est un état de choses dont on prend vite l’habitude dans notre partie du monde.

— Je comprends fort bien. Mais avez-vous un motif spécial de craindre quelque chose ici ?

Le Premier ministre répondit à cette question par une autre :

— Qu’est-ce qui vous pousse à me demander cela ?

— Deux raisons, monsieur le Premier Ministre. D’abord le troisième secrétaire de votre ambassade ici

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