De roses et de sang by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2017-04-20T19:01:33+00:00

25

C’était Rheinhardt qui avait donné l’alerte lorsqu’il s’était aperçu que le Cathare n’avait pas rejoint le gîte, malgré l’heure tardive. Cela ne lui ressemblait pas et leur relation était devenue, au fil du temps, beaucoup plus étroite pour qu’Amaury le tienne au courant de ses faits et gestes. Or il ne lui avait rien dit de particulier lorsqu’il l’avait quitté quelques heures plus tôt. C’est donc qu’il se passait quelque chose d’inopiné, sinon de grave. Le moine n’avait pas hésité une seconde ; le seul qui pouvait l’aider était Erich von Stahl qu’il s’était empressé de solliciter. Après l’avoir écouté, le Wesphalien avait évoqué deux possibilités : soit il avait été attaqué par des rôdeurs, soit il avait été arrêté par des soldats du guet qui, en cette période d’incertitudes, ne badinaient pas avec ceux qui osaient braver le couvre-feu. Dans cette hypothèse, Amaury se trouvait certainement à la prison de la Violette, endroit par excellence qui accueillait attardés et ivrognes surpris dans leurs divagations, avant de les relâcher, au petit matin. S’il avait été surpris par des ruffians, avec un peu de chance, on le retrouverait à moitié mort, dans un des coupe-gorge de la ville.

Erich avait décidé de commencer par la prison communale et le reste il le connaissait.

Amaury, couché dans son lit, avait écouté les explications de son second et il le remercia pour sa présence d’esprit et son esprit de décision. Il s’enfonça un peu plus dans les coussins qui le soutenaient. Cela faisait deux fois, en peu de temps, qu’il se retrouvait dans cette position, non pas pour jouir d’un repos bien mérité, mais vaincu par les aléas de la maladie ou par les suites d’une agression qu’il ne parvenait toujours pas à comprendre.

— Vous sentez-vous mieux, messire ? s’enquit le jeune homme.

— Cela peut aller, Rheinhardt. J’ai encore la tête qui me tourne un peu, mais pas suffisamment pour que je ne puisse me lever et que nous ne poursuivions nos recherches…

— Encore une question si vous le permettez. Et devant le hochement de tête approbateur d’Amaury, il poursuivit :

— Qu’alliez-vous faire, dans cette rue, en pleine nuit ?

— Je me trouvais ici lorsque Mathilde m’a appelé. On venait de frapper à la porte d’entrée et glisser un parchemin sous l’embrasement. Le temps de descendre et de voir qui s’était manifesté, il n’y avait plus personne dans la rue ! Puis une ombre s’est détachée d’entre deux maisons, comme une invite à la suivre. Ce que j’ai fait, en avertissant Mathilde de ne pas s’inquiéter, pensant être de retour sous peu. Le messager, si c’était lui, m’a entraîné jusqu’à l’église Saint Jean avant de disparaître dans une des ruelles avoisinantes. C’est, à ce moment, que j’ai vu un convoi qui s’avançait vers moi et que je me suis retrouvé aux mains des hommes du bailli, mandatés par l’inquisiteur Troussier. Mais cela, je ne l’ai su qu’après ; lorsque je me suis retrouvé dans ce simulacre de tribunal. La suite t’est connue et je ne te remercierai jamais assez, ni Erich d’ailleurs, de m’avoir tiré des griffes de cet illuminé.

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