De la Vie et de la Mort by Jiddu Krishnamurti

De la Vie et de la Mort by Jiddu Krishnamurti

Auteur:Jiddu Krishnamurti [Krishnamurti, Jiddu]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782268018546
Google: 3g0SRAAACAAJ
Amazon: 2268018547
Éditeur: Imprint unknown
Publié: 1994-09-30T18:30:00+00:00


16. Commentaires sur la vie, volume 3 : La vie, la: mort et la: survie

C’était un vieux tamarinier magnifique, lourd de fruits, aux feuilles tendres et neuves. Poussant au bord d’un fleuve profond, il était irrigué à profusion, et donnait la juste quantité d’ombre pour les animaux et les hommes. Il y avait toujours sous ses branches une certaine agitation et un certain tapage, des conversations bruyantes, ou l’appel d’un veau à sa mère. L’arbre avait des proportions splendides, et sa silhouette superbe se détachait sur le ciel bleu. Il émanait de lui une vitalité défiant le temps. Il avait dû être témoin de bien des choses, lorsqu’au fil des étés innombrables il guettait le fleuve et l’animation de ses berges. Ce fleuve était intéressant, c’était un fleuve sacré, très large, et des quatre coins du pays des pèlerins y venaient se baigner dans ses eaux vénérées. Des barques aux voiles carrées de couleur sombre le sillonnaient silencieusement. Quand la lune se levait, pleine et presque rouge, traçant sur les eaux dansantes une piste d’argent, il y avait chaque fois des réjouissances au village voisin, et dans le village sur l’autre rive. Les jours de fête, les villageois descendaient jusqu’au bord de l’eau, chantant des chants joyeux et rythmés. Ils apportaient avec eux de quoi manger, et c’est à grand renfort de bavardages et de rires qu’ils se baignaient dans le fleuve puis ils déposaient une guirlande de fleurs au pied du grand arbre, et des cendres rouges et jaunes autour de son tronc, car lui aussi était sacré, comme le sont tous les arbres. Quand enfin les cris et les bavardages s’étaient tus, et que chacun était rentré chez soi, une ou deux lampes continuaient de brûler, laissées là par quelque villageois pieux; ces lampes étaient faites d’une mèche fabriquée artisanalement, placée au creux d’une petite soucoupe en terre cuite remplie d’une huile qui, pour la maigre bourse du villageois, était denrée précieuse. Alors l’arbre était souverain ; tout ne faisait qu'un avec lui : la terre, le fleuve, les hommes, et les étoiles. L’arbre se renfermait peu après en lui-même, pour sommeiller jusqu’au toucher matinal des premiers rayons du soleil.

Il arrivait souvent qu’un cadavre fût apporté jusqu'aux berges du fleuve. Balayant la terre en bordure de l’eau, on disposait d’abord de lourds rondins de bois formant la base du bûcher, puis on y entassait du petit bois ; on posait enfin par-dessus le corps, recouvert d’un linge blanc tout neuf. Le parent plus proche, approchant une torche, allumait alors le bûcher, et d’immenses flammes jaillissaient dans la nuit, embrassant de lumière l’eau et le visage des proches et amis endeuillés assis en silence autour du bûcher. L’arbre recevait aussi une part de cette lumière, et dispensait sa paix aux flammes dansantes. Il fallait plusieurs heures pour que le corps fût consumé, mais tous demeuraient assis jusqu’à ce qu’il ne restât plus rien que des braises rougeoyantes et de petites flammèches. Au cœur de ce vaste silence, voilà que soudain un bébé criait, et un nouveau jour commençait.



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