de l'Alsace by Dictionnaire

Auteur:Dictionnaire [Dictionnaire]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2259209475
Éditeur: Plon
Publié: 2010-06-02T22:00:00+00:00

Kamm (Louis-Philippe)

Trop populaire ou pas assez, aimé des folkloristes, méprisé des raffinés, sa destinée est étrange autant que diffuse. Né en 1882 à Strasbourg, dont il sera élève de l’École des arts décoratifs, Louis-Philippe Kamm se perfectionne, comme beaucoup de ses collègues nés au temps de l’Alsace annexée, à Munich, complétant sa formation par de nombreux voyages, notamment à Paris, revient à Strasbourg, devient professeur, puis directeur de son école de formation.

Auteur de vitraux, gravures, affiches, cartes postales, il illustre des scènes de genre, des banquets de famille ou encore les fameuses Noces paysannes – le titre d’une œuvre qui figure à la mairie de Rosheim – mais aussi des légendes et histoires fameuses, comme L’Ami Fritz. Installé à Drachenbronn, dans le nord de l’Alsace, au sein de la demeure familiale, il est poussé, par la construction de la ligne Maginot, à émigrer à Oberseebach. Il y peint alors les Alsaciennes de tradition dans leurs magiques costumes fleuris.

D’où cette emblématique Mariée de la région de Seebach de 1937 – la cité de l’outre-Forêt est fameuse pour son « mariage au bouquet », le Streisselhochzeit, une des grandes fêtes folkloriques de la région – qui figure, avec sa jeune fille souriante, couverte de fleurs en couronne sur la tête, mais aussi en brassières, comme le portrait vedette du Musée alsacien de Strasbourg face au quai de l’Ill. C’est sa Belle Strasbourgeoise – a mezza voce. Dans la jeune fille en costume, avec ce trait d’ironie qui filtre dans son sourire, se lit une part du destin de la région. Passé et présent s’y trouvent unis à l’heure où l’Alsace bascule vers la modernité sans renier ses racines.

Le musée d’Art moderne et contemporain possède, lui, un délicieux portrait en pied de Fillette au bouquet, sous-titré Petite paysanne des environs de Wissembourg et daté de 1920, beaucoup plus moderne, avec sa robe grise, son bandeau rouge sur le front, son chapeau tenu au bras par un cordon, son regard vers le lointain, tout cela sur fond campagnard. Il y a encore cette Paysanne endormie, bras croisés, torse nu, dégageant une sensualité forte, et datée de 1921 ; cette autre Paysanne endormie, datée de la même année, mais présentée cette fois vêtue de façon traditionnelle, un fichu sur la tête, appuyée sur son bras ; ou encore ce Paysan d’Engwiller de 1931, saisi sur son lit, dans son costume de fête, à l’heure de la sieste.

Ironie du sort, Kamm n’est plus guère exposé – même s’il existe une vingtaine d’œuvres au MAMCS, mais souvent confinées dans les réserves, y compris avec des lithographies et un vitrail. Ses seules œuvres livrées quasiment en permanence au public : d’abord, la magnifique composition dite des Moissonneurs, monumentale huile sur toile de 1,20 mètre sur 1,30, de 1921, avec ses trois paysans au repos, deux hommes, une femme, en costume de travail aux champs, le visage las, exprimant tout à la fois leur force et leur fatigue, lors de leur « pause repas », face aux blés, avec leurs visages lourds et exténués.

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