D'Alembert by Joseph Bertrand

D'Alembert by Joseph Bertrand

Auteur:Joseph Bertrand [Bertrand, Joseph]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
ISBN: 9781434633408
Éditeur: Atramenta (www.atramenta.net)
Publié: 2011-06-23T22:00:00+00:00


«L'intrigue et la cabale mirent dans les mains de d'Alembert, qui survécut à Voltaire, le sceptre de la littérature.»

Rien n'est juste dans cette phrase et rien n'est vrai, sinon que d'Alembert a eu le chagrin d'assister à la mort de Voltaire.

CHAPITRE V - D'ALEMBERT ET LA SUPPRESSION DES JÉSUITES

Un personnage alors considérable-c'était le maréchal Vaillant-me disait un jour : «Je passe l'été dans une petite commune de Bourgogne ; là, quoique voltairien, chaque dimanche ma présence à l'église édifie les fidèles : vous me direz que c'est de l'hypocrisie !-Ah ! Maréchal ! répondis-je sans hésitation...-Vous voulez dire, continua-t-il, que ce n'est pas de l'hypocrisie : vous me feriez plaisir en m'expliquant pourquoi.»

Je fus embarrassé ; il s'y attendait et nous rîmes tous deux.

D'Alembert, incrédule convaincu et plus voltairien que Voltaire, affectait quelquefois, dans ses écrits et souvent dans ses discours académiques, des formes respectueuses qui contrastent avec le ton de sa correspondance. Pour l'accuser cependant d'hypocrisie, il faudrait ne l'avoir jamais connu. En ne compromettant ni l'Académie ni lui-même, il faisait preuve de tact et de prudence. Il riait de sa sagesse. Après avoir prononcé l'éloge de Bossuet, il reçut de l'archevêque de Toulouse des louanges très méritées ; il se frottait les mains et se réjouissait d'avoir si gravement joué à l'orthodoxie. S'il a pris trop de plaisir à ce jeu, le péché n'est pas grave. D'Alembert, très sérieux au fond, affectait de ne pas l'être. Voltaire lui a reproché quelquefois un langage trop éloigné de sa pensée.

«Vous me faites, lui répond un jour d'Alembert, une querelle de Suisse que vous êtes, au sujet du Dictionnaire de Bayle. Premièrement je n'ai pas dit : «Heureux s'il eût plus respecté la religion et les moeurs !» Ma phrase est beaucoup plus modeste. Mais, d'ailleurs, qui ne sait que dans ce maudit pays où nous écrivons, ces sortes de phrases sont style de notaire et servent de passeport aux vérités qu'on veut établir ? Personne n'y est trompé...»

Il faut connaître la situation. «On vient, écrivait peu de temps après d'Alembert, de publier une déclaration qui inflige la peine de mort à tous ceux qui seront convaincus d'avoir composé, fait composer et imprimer des écrits tendans à attaquer la religion.»

«La crainte des fagots est très rafraîchissante», ajoute d'Alembert.

C'est à ceux qui les préparaient que fait allusion ce mot de ralliement si connu : Écrasons l'infâme. Il avait cours entre amis seulement et les portes fermées ; on ne confiait pas les lettres à la poste. Quand on ne peut combattre en rase campagne, les embuscades sont permises. Qu'un croyant aspire au martyre, il joue son jeu et vise au paradis. Un mécréant n'a pas d'ambitions si hautes.

D'Alembert ne craignait pas sérieusement d'être brûlé, mais il ne voulait pas s'exposer comme Diderot à habiter à Vincennes, ni comme Voltaire à s'exiler hors de France. Son coeur le retenait à Paris. Il ne voulait compromettre ni ses intérêts ni son repos. Voltaire cependant excitait son zèle ; il ne lui demandait que cinq ou six bons mots par jour.



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