Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle by Liebig Etienne

Auteur:Liebig, Etienne [Liebig, Etienne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Erotique, Littérature française
Éditeur: La Musardine
Publié: 2012-03-01T23:00:00+00:00

CHAPITRE 4

Où le lecteur assiste en lieu et place du post-coïtum triste attendu, à l’émergence d’une plénitude.

Une bonne minute se passe, dans un silence uniquement rompu par le bruit de nos respirations. Les yeux pleins d’étoiles, les ventricules à 140, je frôle le collapsus. Muriel est restée à genoux, son regard brun levé vers moi : on dirait une pietà. Son visage arbore une expression tragique, tandis que le sperme continue de goutter doucement sur ses seins...

— Muriel...

Je ne suis pas fier de cette profanation. J’aurais voulu jouir en elle, dans son ventre ou dans son cul, mais en elle. Il me semble que je l’aurais sanctifiée ainsi, qu’elle serait redevenue pleinement femme, loin de son vétérinaire partouzard, de ses meubles idiots et de son ennui provincial. Au lieu de quoi, je l’ai traitée comme une pute de bas étage (ou comme une femme épousée il y a vingt ans, c’est souvent la même chose).

— Je suis désolé, Muriel...

Elle secoue la tête, sortant d’un rêve d’elle seule connu. Ses boucles blondes balaient son petit front vernissé de sueur, son merveilleux sourire réapparaît :

— Désolé ? Mais pourquoi ?

— De... D’avoir pris mon plaisir, comme ça.

— Tu n’as pas aimé ?

— Mais si !

— Moi, j’ai aimé ! chuchote-t-elle avec force. C’était comme à l’église, tu vois, le moment où le prêtre te tend l’hostie. Tu absorbes le corps du Christ, tu es le Christ. J’ai été toi, tout le temps que tu... que tu coulais. Tu sais comment ça s’appelle ?

— Quoi ?

— Ça. Ça s’appelle de l’Amour.

Rieuse de nouveau, de sa petite langue rose, elle lape consciencieusement le pourtour de sa bouche et avale :

— Mmmh ! J’espère qu’il t’en reste un peu !

Il ne me reste rien, évidemment. Caroline avant-hier, Béa hier, Muriel aujourd’hui, les burettes sont vides et la messe est dite, enfin, c’est ce que je crois. Je me garde bien de le lui dire. Il faut que je me tire d’ici vite fait. Les pèlerins de Vézelay doivent rôder en ville en se demandant ce que je fabrique et, si je ne veux pas les croiser, j’ai intérêt à mettre quelques dizaines de kilomètres entre eux et moi.

Mais pourquoi quitter si tôt cette odalisque au corps de lune ? Elle n’a pas eu d’homme depuis deux ans, sa fille est absente pour le week-end, nous avons la maison et la piscine pour nous seuls. Elle n’a pas l’air pressée de me voir décamper, elle a sorti mon linge de mon sac, décidé de faire une lessive :

— Je te les repasserai ce soir. Veux-tu que je te prépare quelque chose à manger, en attendant ?

Une vraie petite épouse. C’est l’inconvénient avec les cathos, elles ne peuvent qu’être des vierges ou des épouses, jamais des putes lubriques. Mais c’est si reposant après la route, fusse dans la camionnette d’un militant de la LCR !

Je décide de m’accorder vingt-quatre heures de repos. Par la même occasion, je les lui accorde, et à voir sa joie de petite

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