Chiites et Sunnites, la grande discorde en 100 questions by Pierre-Jean Luizard

Chiites et Sunnites, la grande discorde en 100 questions by Pierre-Jean Luizard

Auteur:Pierre-Jean Luizard
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Tallandier
Publié: 2017-06-14T16:00:00+00:00


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Comment a débuté la marche des communautés chiites arabes vers l’émancipation ?

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La marche des communautés chiites arabes vers l’émancipation a débuté en Irak et au Liban. À la fin des années 1950, de jeunes ulémas des villes saintes se manifestèrent avec une détermination croissante contre la domination des idées communistes en milieu chiite. Il s’agissait d’abord de réfuter les idées matérialistes du communisme en milieu chiite. Mais, très vite, les attaques de ce nouveau clergé militant se dirigèrent contre le Baas, au pouvoir pour la seconde fois en 1968.

Najaf et Karbala connurent une renaissance religieuse. Elles devinrent des pépinières des futurs mouvements islamistes chiites qui allaient dominer la vie politique en Irak, au Liban, à Bahreïn et dans le Golfe. Ayant de justesse échappé à la peine de mort en Iran, Khomeyni arriva à Najaf en 1965. De son exil irakien, il s’activa à préparer la révolution islamique dans le pays voisin. Autour de lui, des ulémas, jeunes et enthousiastes, entendaient restaurer l’influence de l’islam chiite dans leurs communautés d’origine. Parmi eux se trouvaient Muhammad Fadlallâh, le futur mentor du Hezbollah libanais, le jeune clerc irakien Muhammad Bâqer al-Sadr et d’autres. La tonalité nationale et anti-impérialiste du discours de ces nouveaux ulémas fut remarquée par des intellectuels tiers-mondistes et progressistes qui se joignirent au clergé pour dénoncer le laïcisme occidental. L’intellectuel musulman militant était né, de même que l’islamisme chiite. Si le modèle des grands ayatollahs « combattants » du début du XXe siècle demeurait fort, ce nouvel islam chiite ressemblait à une idéologie de combat semblable aux idéologies politique et, à ce titre, avec une dose palpable de sécularisation dans le discours. Dès 1958, le premier parti islamiste chiite, Da’wa (aujourd’hui au pouvoir à Bagdad), fut fondé en Irak, avec le soutien du chah.

En 1979, Muhammad Bâqer al-Sadr rédigea une note préliminaire jetant les bases de la future Constitution de la République islamique, mélangeant la souveraineté de Dieu (wilâyat al-faqîh) à celle du peuple (l’élection du président la République au suffrage universel). Selon la wilâyat al-faqîh, le pouvoir devait revenir au clerc le plus savant de son époque. Les sunnites ne pouvaient que rejeter cette théorie.

Au Liban, un jeune uléma d’origine iranienne. Mûsa al-Sadr (1928-1978) fut le premier clerc chiite à parler de l’émancipation de la communauté chiite. Cela signifiait avant tout la nécessité d’une reconnaissance de son importance démographique dans le cadre du confessionnalisme politique1 en vigueur. La communauté chiite libanaise avait dû attendre le mandat français pour se voir enfin reconnue à travers l’établissement de tribunaux ja’fari (1926) et l’institution d’un mufti ja’fari pour le Liban. En 1969, Mûsa al-Sadr fonda le Conseil supérieur chiite afin d’accorder à sa communauté un poids politique dont elle était encore privée. Cette institution devint la représentation officielle des chiites auprès de l’État libanais. Mûsa al-Sadr s’imposa comme le défenseur des plus déshérités au sein de sa communauté. Les habitants du Sud-Liban, région touchée par la pauvreté, souffraient de l’importation du conflit israélo-palestinien. En créant, en 1973, le Mouvement



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