Cancer by Cancer (2013)

Cancer by Cancer (2013)

Auteur:Cancer (2013) [Cancer (2013)]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions Coups de tête
Publié: 2013-10-14T04:00:00+00:00


Chapitre 10

Dexter

Georges est mort.

Éthan regarde la flaque de sang, océan vermeil sur le carrelage immaculé de la chambre, les draps imbibés d’AB négatif qui commence à noircir, les murs constellés de taches pourpres…

Éthan attend qu’on vienne l’aider à sortir de son lit pour se déplacer vers une autre pièce tandis que Georges refroidit déjà sur une civière, à la morgue, au sous-sol, pour l’autopsie qui confirmera la cause de sa mort.

Dans les papiers que St. Kirch leur avait fait signer, au début de leur traitement, il était bien spécifié que leur corps, à leur décès, appartenait uniquement à l’hôpital et que le MD Andersen n’était pas tenu de remettre les cadavres aux familles pour leur donner des sépultures décentes ou accommoder une quelconque cérémonie religieuse.

La scène s’était déroulée en début d’après-midi : Georges, sans aucun avertissement, avait éclaté de rire pendant une boutade de Seinfield et s’était mis à cracher du sang, beaucoup de sang, avec tellement de vigueur qu’il avait éclaboussé Nicole, qui s’était précipitée vers les couvertures de la salle de bain pour s’essuyer et tenter de contenir le flot de liquide rouge brunâtre expulsé de la bouche et du nez de son père.

Éthan avait immédiatement appuyé sur le bouton d’urgence et, moins d’une minute plus tard, un infirmier et une infirmière débarquaient en trombe dans la chambre, une seringue déjà prête à la main. L’infirmier avait injecté sans attendre la solution dans la cuisse de Georges, qui avait vomi des quantités astronomiques de sang tandis que Nicole paniquait.

— Get out of the way ! avait crié l’Américaine.

Georges s’était affalé sur son lit et les avertisseurs qui surveillaient ses signes vitaux s’étaient mis à crier à tue-tête. Les infirmiers avaient roulé la couche, à la manière d’une civière, hors de la chambre et Éthan avait vu passer en coup de vent Miersk et Franklin, sans leurs vestes blanches, au pas de course.

Il avait tenté de se lever pour les suivre, mais malgré le succès des traitements et le retour de la mobilité de ses membres inférieurs, il n’avait pas été capable de franchir la barrière d’acier inoxydable qui l’empêchait de chuter du lit. Ses jambes et ses bras reprenaient des forces, grâce à la physiothérapie qu’il pouvait désormais subir, maintenant que son rein était guéri et que ses intestins allaient mieux. On lui avait retiré la machine à hémodialyse, le respirateur d’appoint ainsi que le soluté intraveineux qui le nourrissait. Il avait mangé pour la première fois depuis quatre mois la veille au soir. De la bouffe d’hôpital, mais c’était délicieux, à des kilomètres de la bouette infecte et froide servie dans les CSSS québécois. Éthan avait même réussi à se mêler aux autres, à la cafétéria : grâce aux multiples séries télé qu’il écoutait en DVD, son anglais lui permet maintenant de suivre les conversations sans difficulté, même s’il aurait aimé pouvoir lire les sous-titres… Au réfectoire, il y avait des dizaines de pères, tous accompagnés de petits garçons. Éthan avait fait remarquer à Nicole qu’aucune mère n’était présente, et aucune enfant de sexe féminin.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.