Brute by Kim Fielding

Auteur:Kim Fielding [Fielding, Kim]
La langue: fra
Format: epub
Tags: M/M
Éditeur: Dreamspinner Press
Publié: 2014-09-28T22:00:00+00:00

XIII

C’ÉTAIT SIMPLEMENT de la gentillesse, se dit Aric. Le temps s’était particulièrement refroidi, et même avec le poêle allumé, la température dans les chambres de la Tour Brune descendait au-dessous de zéro la nuit. Il aurait été plus à l’aise dans son lit, plus près du poêle, mais Gray frissonnait et toussait sur le sol froid de la cellule en pierre, même avec toutes les couvertures d’Aric. Alors il avait complètement abandonné le lit et dormait chaque nuit dans la cellule avec Gray. Ils s’allongeaient en sandwich entre les couvertures, la moitié en dessous d’eux et le reste au-dessus, et le grand corps d’Aric conservait Gray au chaud et confortablement installé. Bien sûr, ils faisaient l’amour – c’était le terme utilisé par Gray – presque tous les soirs, de sorte que leur sang s’agitait particulièrement juste avant le sommeil, et aucun d’eux ne ressentait alors la moindre fraîcheur.

En outre, avec Gray déjà dans ses bras, Aric pouvait faire son travail plus efficacement. Il n’avait plus à trébucher à travers la pièce, à moitié endormi. Désormais, dès que Gray commençait à remuer, qu’il crie, qu’il hurle ou simplement qu’il respire difficilement, Aric le tenait déjà, et fredonnait immédiatement, le caressant tout en murmurant des paroles de réconfort. Et quand Gray se réveillait peu de temps après, il n’avait qu’à lui souffler les détails de son rêve dans l’oreille. Aric se précipitait alors pour les répéter au garde.

Une nuit particulièrement affreuse, alors qu’à l’extérieur la pluie s’était transformée en grésil qui claquait bruyamment sur les pavés, Gray réveilla Aric par des gémissements et des frissons.

— Chut, fredonna Aric comme il le faisait toujours. Ça va aller. Tout va bien.

— Si froid.

Cette fois la voix de Gray était profonde et triste, comme le vent quand il se précipitait à travers les plaines, près du village d’Aric.

Le géant l’enveloppa plus étroitement.

— Je vais te garder au chaud.

— Personne. Personne pour me tenir la main et m’accompagner.

— Je suis ici, murmura Aric.

Gray lui avait dit que, même s’il ne pouvait pas répondre pendant ses cauchemars, il pouvait le sentir et l’entendre, et il lui était reconnaissant pour tout ce qu’il faisait. C’était comme s’il était possédé, disait-il. Possédé par l’esprit de quelqu’un qui n’était pas encore mort.

— Je suis ici, tu te réveilleras bientôt, et je te ferai du thé pour te réchauffer.

— S’il vous plaît. Juste une petite couverture et un mot gentil, quelqu’un pour se souvenir de mon nom.

Puis la voix de Gray diminua jusqu’à devenir incompréhensible, et Aric se contenta de le tenir, car il ne pouvait rien faire d’autre.

Gray frémit et se réveilla quelques minutes plus tard. Il se rencogna, se pressant plus étroitement contre le corps d’Aric.

— Itan. Il est en t-train de mourir de froid, de f-faim et… et d’abandon, je p-pense.

— Seigneur.

— I-inutile d’aller le d-dire au garde.

— Pourquoi ? Est-ce déjà trop tard ?

— Itan est j-juste un mendiant. Ils n-ne feront rien pour lui.

— Mais il va mourir !

Gray se tortilla pour se retourner et faire face à Aric, s’emmêlant un peu avec ses chaînes en même temps.

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