Bigbang - Vespertine 1 by Margaret Rogerson

Bigbang - Vespertine 1 by Margaret Rogerson

Auteur:Margaret Rogerson [Rogerson, Margaret]
La langue: fra
Format: epub
Tags: FICTION / Fantasy / Général
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2022-06-07T22:00:00+00:00


Chapitre 15

— Mes sens seront diminués là-dedans, poursuivit le revenant. Il y a trop de pierre consacrée. Avance lentement et je t’avertirai si je remarque quelque chose d’inhabituel.

L’escalier s’enfonçait sous terre en une spirale étroite et me rappelait celui de la crypte de Naimes. Mais celui-ci était manifestement plus ancien encore ; ses marches étaient plus grêlées que de vieux ossements, là où leur surface n’avait pas été lustrée par le passage régulier de pieds. Les spectres évanescents qui hantaient l’endroit possédaient des visages presque informes et se mouvaient avec lenteur, réagissant à peine tandis que je me faufilais parmi eux.

Je descendis à pas prudents. Au bas des marches m’attendait un couloir, dont le plafond bas et nervuré relevait d’un style architectural qui ne m’était pas familier. De loin en loin, une statue de saint se dressait dans une niche, les mains jointes en prière. L’antiquité du lieu alourdissait l’air autant que la poussière. D’autres spectres flottaient au-dessus de moi en écheveaux brumeux et engourdis, comme si le temps les avait figés.

— Ils sont vieux, m’expliqua le revenant. Les spectres n’ont déjà pas une conscience très développée, mais elle s’étiole encore au fil des ans, quand ils sont privés de la compagnie des vivants.

L’idée de la conscience des spectres s’érodant me glaça le sang plus que ne l’avait fait cet endroit. Je me demandai si ce serait un acte de miséricorde de les détruire. Mais je ne pouvais m’y résoudre : j’avais besoin de leur lumière pour voir où je mettais les pieds.

Je baissai la voix, prise du sentiment irraisonné que parler trop fort risquerait d’éveiller une chose endormie.

— De quel côté est allé le prêtre ?

À ma gauche s’ouvrait une arche noyée de ténèbres ; à ma droite, un autre escalier s’enfonçait plus profondément dans le sous-sol.

— Par là, dit le revenant, en orientant mon regard vers une tache de sang frais sur les pavés droit devant moi.

Ce sang ne pouvait appartenir qu’à une seule personne. Je pris le temps d’examiner mon environnement, mais ne découvris rien qui aurait pu blesser Leander. Je sentis le revenant qui faisait de même. Son attention se porta sur les statues.

— Va voir la troisième statue sur la gauche. Mais prends garde.

Je me remis à avancer, heureuse de ne pas porter mes bottes. Pieds nus, il était plus facile de me déplacer sans bruit. Alors que je me rapprochais de la statue, les lèvres de la sainte semblèrent s’ourler en un sourire mystérieux et ses paupières se baisser pudiquement. Il s’agissait seulement d’un jeu d’ombre et de lumière, me dis-je, comme pour l’effigie de sainte Eugenia dans la crypte de Naimes.

— Stop ! s’écria soudain le revenant de sa voix stridente, enfonçant ses griffes dans mon esprit. Ne marche pas sur cette dalle !

Je reculai le pied. Il ne me fallut pas longtemps pour découvrir ce que le revenant avait vu. Le centre du couloir était usé par des siècles de passage, mais la dalle sur laquelle j’avais failli marcher était notablement moins lisse que les autres.



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