Aux petites heures de la nuit (French Edition) by Flo Renard

Auteur:Flo Renard [Renard, Flo]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: MM&I (auto-édition)
Publié: 2015-04-17T22:00:00+00:00

* * *

Contrairement aux années précédentes, le repas du réveillon ne s’était pas élargi aux autres membres de la famille Bonnafoux, ce que Benjamin avait apprécié. Une soirée festive mais paisible, un savoureux repas et l’interprétation traditionnelle, après la bûche et avant les cadeaux, de quelques œuvres par l’artiste de la famille qui avait cette année recyclé sans honte la playlist du « concert de Noël » donné quelques jours auparavant. Ils n’avaient pas veillé au-delà d’une heure mais s’étaient couchés avec le sentiment d’avoir passé un excellent moment.

Tel était, du moins, celui de Benjamin. Après le petit coup de blues du matin, il avait retrouvé bon moral, aidé en cela par la discussion avec Théa qui lui avait permis de faire un point sur lui-même et mettre en mots des choses qu’il avait jusque-là gardées pour lui. Peu après leur retour à la maison, Élise l’avait rappelé et lui avait longuement détaillé tout ce qu’elle avait fait depuis sa sortie, à savoir infiniment plus de choses que lui. Elle avait raccroché sur la promesse de lui apporter, ainsi qu’à Léopold, une assiette des « pâtisseries à tomber » faites par sa tante et sa grand-mère, à son retour aux Épicéas. En vertu de quelque obscure raison, elle bénéficiait en effet d’une journée supplémentaire de permission. En fin d’après-midi, l’adolescent avait enfin pu joindre son amant et jusqu’à l’heure du repas, ils avaient discuté de choses et d’autres, des petits riens de la journée écoulée comme de leurs projets pour l’avenir, ponctués de « Tu me manques » et de « Je t’aime » qui, avec l’éloignement, prenaient d’autant plus de force qu’il s’agissait déjà d’une mise à l’épreuve, très brève heureusement.

Benjamin enfila sa tenue de nuit – ah, combien il avait apprécié de ne pas porter, de toute la journée, ni survêtement ni sweater ! – et se mit au lit. Il n’avait pas sommeil et se sentait même un peu barbouillé après avoir mangé deux fois plus que d’habitude, avec une pensée émue pour ses camarades privés de sortie, Léopold en tête, condamnés à la popote insipide (expression charitable, mais c’était la veille de Noël) du maître queux de J’ai-pissé-là. Il prit son téléphone et le regarda d’un air d’envie ; il doutait toutefois que son amant fût encore éveillé, même s’il était possible que le réveillon, à la clinique, ait débordé un peu les horaires habituels. D’une pression du pouce, il activa son smartphone ; il pouvait toujours laisser un message.

Des messages, justement, sa boîte en contenait plusieurs : quatre émanant de membres de sa famille, un de Clément et surtout un de Léopold. Il s’intitulait « Miracle en cuisine !! » et Benjamin s’empressa de l’ouvrir, piqué par la curiosité autant que l’étonnement.

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