Aung San Suu Kyi by Bruno Philip

Auteur:Bruno Philip [Philip, Bruno]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Canadienne, Biographie
ISBN: 9782849905470
Éditeur: Des Equateurs
Publié: 2017-11-20T03:00:00+00:00

Naypyidaw, la nouvelle cage dorée de l’ex-Dame de Rangoun...

Depuis sa nomination à la tête du gouvernement, Aung San Suu Kyi a dû déserter sa maison de Rangoun. Elle habite la résidence qui lui a été assignée dans la nouvelle capitale birmane de Naypyidaw, en tant que dirigeante du gouvernement civil. Mais la « cage », aussi dorée soit-elle, est devenue une autre prison. La solitude dans laquelle elle exerce un pouvoir tronqué – mais un pouvoir réel – rappelle le contexte dans lequel elle a vécu d’interminables années de confinement.

Naypyidaw a été décrite parfois, à juste titre, comme un « non-lieu ». Un espace irréel dont on serait tenté de mettre en doute l’existence. Cette ville, devenue en 2005 capitale de la Birmanie en remplacement de Rangoun, fait penser à ce que disait Blaise Pascal de la forme de l’univers, « une sphère infinie » dont le « centre est partout, la circonférence nulle part ». L’argument est réversible : Naypyidaw est un monde dont le centre est nulle part et la circonférence partout.

Les grandes artères de la cité semblent ne mener que vers de très improbables ailleurs. La ville est divisée en « zones » – une sorte de vision orwellienne de l’urbanisme : « zone administrative », « zone militaire », « zone des hôtels ». Une réplique très fidèle de la pagode Shwedagon de Rangoun a été construite en périphérie. Il y a quelques années, on pouvait admirer un éléphant blanc dans un hangar situé au pied de la pagode. Un pachyderme de cette rare couleur devait être de bon augure. Un zoo a également été construit au sein de la capitale, où s’ébattent, entre autres animaux exotiques, des pingouins au fond d’une piscine à température polaire. Voilà pour la liste des folies de cette cité de l’avenir, dont l’idée germa dans le cerveau mégalomaniaque et paranoïaque de l’ex-dictateur Than Shwe.

Naypyidaw – « le trône des rois » – a une particularité, peu partagée par d’autres capitales : si l’on excepte une promenade dominicale chez les pingouins, il n’y a rien à faire. Même s’il y fait bon vivre pour les amoureux de la nature. À la différence de Rangoun, si polluée, on respire bien à Naypyidaw, au cœur de nulle part, où s’élèvent à l’horizon les premiers contreforts des hauts plateaux du pays Shan. Madame Suu y vit dans les quartiers réservés aux personnalités de son rang. Et Than Shwe, qui ressentait pour Aung San Suu Kyi une haine quasi irrationnelle, coule des jours tranquilles non loin de celle-ci, dans un autre secteur ultra-protégé. Ironie supplémentaire pour Aung San Suu Kyi, désormais voisine de son ancien ennemi.

Tout porte à croire que, dans ce non-lieu du pouvoir où son pouvoir lui-même semble, à bien des égards, évanescent, le rapport à la réalité d’Aung San Suu Kyi s’est effrité. Entourée de conseillers proches des militaires ou d’hommes de cour qui n’oseraient jouer les Cassandre, la dame de Naypyidaw s’est coupée du monde.

L’un de ses visiteurs étrangers, qui lui

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.