Au pays des brigands gentilshommes by David-Néel Alexandra

Au pays des brigands gentilshommes by David-Néel Alexandra

Auteur:David-Néel, Alexandra [David-Néel, Alexandra]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Spiritualité, Voyage
ISBN: 9782266009164
Éditeur: Ventdefolie - TAZ
Publié: 1991-11-21T23:00:00+00:00


CHAPITRE V

De Lianghokow, un bon sentier, suivant la rivière, descend à travers les forêts, vers Foupién. La distance existant entre ces deux localités n’est pas grande, mais nous la parcourûmes à très petites étapes. Nous étions lourdement chargés et pas du tout entraînés à porter des fardeaux sur notre dos. Nos mules trouvaient amplement de quoi paître et le demi-repos que je leur laissais achevait la guérison de leurs plaies. Et puis flâner dans ces bois ne manquait pas de charme, nous y demeurions parfois campés toute une journée jouissant de la quiétude profonde du paysage environnant… C’était le calme avant la tempête.

Foupién, où nous nous rendions, emprunte l’importance qu’on lui accorde dans la région, au fait que les villages des environs comptent souvent moins d’une douzaine d’habitations. Il y en a peut-être une quarantaine à Foupién et, de plus, un magistrat chinois a son siège dans cette localité. Malheureusement pour nous, nous ignorions ce dernier détail.

Arrivés tard dans la soirée, en vue de la petite agglomération et n’apercevant pas de meilleur endroit pour camper, nous nous installons dans un ancien cimetière situé sur une colline. L’endroit est splendide. Une belle prairie offre un large emplacement pour nos tentes autour desquelles nos mules pourront paître en liberté. C’est nuit de pleine lune, les nombreuses tombes en ruine émergeant des buissons et des herbes folles nous entourent d’un décor romantique. Le temps est beau, je demeure longtemps au-dehors regardant le jeu des ombres que la lune et notre feu de camp projettent parmi les vieux sépulcres. Le paysage est si fantastique que j’accueillerais sans étonnement l’apparition de quelques fantômes, mais aucun ne se montre. Nous dormons paisiblement auprès de nos voisins qui s’endormirent, avant nous, d’un plus profond sommeil.

Le 21 juin vers 9 heures du matin, je quitte le camp à pied, accompagnée de Yongden, tandis que les domestiques achèvent de ficeler les bagages. Nos bêtes sont toutes redevenues capables de porter leur charge ordinaire et il n’est plus nécessaire que nous nous chargions nous-mêmes de fardeaux, comme nous l’avons fait durant la semaine précédente. C’est heureux, car nous aurions fait piètre figure en traversant les villages chinois dans cet équipage. Mais, qui sait, peut-être faisons-nous, maintenant, trop bonne figure, et est-ce là la cause de notre mésaventure.

Nous nous en allons tout allègres, le lama et moi, donnons un coup d’œil au village, en le traversant, et passons devant la porte du yamén125 sans soupçonner le caractère officiel de ce vieux bâtiment. Je remarque pourtant, devant cette porte, deux Chinois correctement vêtus, l’un d’eux de haute taille, et j’entends vaguement ce dernier dire à voix basse, quelques mots parmi lesquels il me semble distinguer la phrase : « Ce sont des Européens (wégo rén). » Yongden n’a rien entendu et je ne lui communique pas ce que j’ai remarqué. La chose est sans importance. On m’a reconnue pour étrangère, malgré ma robe tibétaine, on a « reconnu » le lama comme Européen, ce qui est plus drôle, il n’y a rien là qui puisse nous inquiéter.



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