Au bord du gouffre by Wolfgang Hohlbein - Chronique des immortels - 1

Au bord du gouffre by Wolfgang Hohlbein - Chronique des immortels - 1

Auteur:Wolfgang Hohlbein - Chronique des immortels - 1 [Wolfgang Hohlbein - Chronique des immortels - 1]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


10

Andrej resta longtemps sans trouver le sommeil. Sans cesse, ses pensées le ramenaient auprès de Maria. Il sentait le parfum de sa peau et des frissons de bien-être lui parcouraient le dos tandis qu’il imaginait ses mains sur lui et ses ongles s’enfonçant doucement dans sa peau. Mais d’autres images venaient se glisser au milieu de ses fantasmes. Des images de souffrance et de mort, de l’auberge en feu dans laquelle six innocents avaient trouvé la mort parce que les chevaliers d’or voulaient le tuer. Ces souvenirs s’entremêlèrent et, à la lisière fragile entre la veille et le sommeil, Andrej fut submergé par la sensation incompréhensible que les deux événements étaient, en effet, liés.

Comment était-ce possible ?

Il ne s’endormit qu’aux premières lueurs de l’aube, pour se réveiller peu après, exténué et en nage. Il lui fallut quelques secondes avant de se souvenir où il était. Il se leva sans faire de bruit, s’approcha de la fenêtre et observa longuement la ruelle à travers les planches. Malgré l’heure matinale, elle était déjà très animée. Quelques marins, sac au dos, se dirigeaient là où il ne s’était pas encore rendu. Un raccourci vers le port se trouvait sans doute derrière les maisons voisines. Andrej savait que Constanta devait sa richesse à sa seule position privilégiée sur la mer Noire. Cette Venise de l’Est avait une importance capitale pour la région et entretenait des relations étroites avec les autres villes portuaires de la mer intérieure, ainsi que celles de la Méditerranée toute proche.

Les marins n’étaient pas seuls dans la rue. Un marchand poussait devant lui une carriole de légumes, se frayant un chemin entre des femmes jacassantes et pauvrement vêtues. Il se rendait probablement au marché avec des produits frais. Non loin derrière lui, une nuée criarde d’enfants courait en se bousculant. À leur vue, Andrej eut un douloureux pincement au cœur. Son fils Marius aurait pu se trouver parmi eux, ou encore Frederic, dont l’enfance s’était achevée au moment où le père Domenicus et ses guerriers d’or étaient entrés dans Borsa. Son regard se posa sur le garçon endormi. Dans le sommeil, au moins, il restait un enfant. Il gisait recroquevillé sur le flanc, les genoux remontés jusqu’au menton, les mains jointes sous le visage comme pour la prière.

Soudain Frederic ouvrit les yeux, regarda Andrej d’un air étonné et s’assit vivement. « Oh, là, là ! Je me réveille en retard ?

— Non, répondit Andrej. Aucune raison de s’énerver. Nous n’avons rien à faire, sinon attendre. Nous n’avons pas besoin d’aller à l’Ours borgne avant ce soir.

— Et qu’allons-nous faire d’ici là ?

— Nous allons visiter la ville, lança Delãny. Mais avec prudence et sans nous faire repérer.

— Pourquoi ne pas rester ici ? »

Andrej secoua la tête. Il avait longuement réfléchi à cette question. « Nous garderons ce refuge pour les cas d’urgence. Il est fort probable que les soldats inspectent chaque maison de la ville. S’ils viennent ici, je préfère être aussi loin que possible. »

Ils furent bientôt prêts à partir et attendirent le moment propice pour quitter la maison sans éveiller l’attention.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.