Asakusa Kid by Kitano Takeshi

Asakusa Kid by Kitano Takeshi

Auteur:Kitano, Takeshi [Kitano, Takeshi]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature japonaise, Autobiographie
ISBN: 9788804510338
Google: xpqOAAAACAAJ
Éditeur: Mondadori
Publié: 2001-08-14T22:00:00+00:00


10.

La grandeur d’âme des danseuses

me fait chaud au cœur

Inoue, qui était entré au Français avec le désir de devenir l’auteur attitré du théâtre, était incroyablement populaire auprès des danseuses. Mais, moi aussi, je remportais un succès fou auprès d’elles, et pas seulement auprès d’Aya Shinokawa. Seulement voilà, ma popularité me valait des cadeaux offerts d’une étrange manière.

Ces cadeaux étaient en fait des repas que m’apportaient quotidiennement les danseuses. Voulaient-elles imiter ainsi l’exemple de Shinokawasan ? Toujours est-il que chacune d’elles m’apportait à tour de rôle des plats en disant : « Regarde, Takechan, je t’ai préparé une bonne soupe de légumes au riz », ou encore : « Tiens, Takechan, mange le riz au curry que je t’ai fait cuire. Je crois que tu aimes ça, n’est-ce pas ? »

Je leur étais si reconnaissant que les larmes me montaient aux yeux, mais en dépit de mon aspect de chien errant affamé, je ne pouvais pas engloutir cinq ou six assiettes de bouillon ou de riz au curry par jour.

Il m’était également impossible de manger ce que m’offrait une danseuse, et de laisser le bouillon de légumes d’une autre. J’étais donc obligé de me forcer et, dans cette situation qui frisait la torture, je finissais par avoir la nausée de tous ces plats mijotés ou autres.

Pour je ne sais quelle raison les danseuses étaient très sentimentales, et la simple vue d’une personne plus malheureuse qu’elles leur donnait envie de s’en occuper.

— Comme c’est dur pour toi, Takechan. Tu as tellement de difficultés.

Quand je les entendais dire ce genre de chose, malgré la précarité de leur existence et tous les problèmes qu’elles avaient connus avant d’entrer dans ce milieu, elles me paraissaient d’une étonnante insouciance.

Lorsqu’une danseuse originaire par exemple de la province reculée du Tohoku, dans le Nord, me disait « Euh, moi, za fait huit ans que ze suis à Tokyo, et z’ai complètement perdu mon acchent maintenant » en éclatant de rire tranquillement, devais-je rester stupéfait devant tant de désinvolture, ou bien me lamenter intérieurement ? Mais ces danseuses étaient d’une telle gentillesse qu’on ne pouvait leur résister. Et c’eût été l’enfer si elles avaient eu mauvais caractère.

Comme danseuses nues, elles gagnaient cinq ou six fois plus que moi, et du jour où elles montaient sur scène, elles pouvaient quitter la vie misérable qu’elles connaissaient jusque-là. Sans aller jusqu’à dire qu’elles étaient riches, elles avaient de quoi offrir à manger aux pauvres comédiens que nous étions, et l’on comprenait qu’elles se montrent gentilles. Cependant, leurs largesses avaient quelque chose de disproportionné, comme si avoir de l’argent les angoissait alors qu’elles n’en avaient pas l’habitude.

Mais le monde étant bien fait, certaines personnes ont été mises sur terre pour dépenser sans compter l’argent que gagnent les strip-teaseuses. Ces hommes s’appellent des maquereaux.

Certaines danseuses du Français avaient effectivement leur souteneur, mais le comble c’était Wataru Nanami (Celle qui traverse les Sept mers).

Un jour, le maître en sortant de sa loge me demanda brusquement :

— Take, c’est quoi ça, Tom Soya ? Écoute, je viens de passer devant la loge de Wataru Nanami et j’ai entendu ce nom.



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