Archie Greene et le secret du magicien by DD Everest

Auteur:DD Everest [Everest, DD]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

22

Allongé dans son lit, Archie continuait de se creuser la cervelle.

Chèvrefeuille lui avait dit que son agresseur était probablement un Rapace, mais comment cet homme connaissait-il l’existence du livre ? Peut-être avait-il surpris sa conversation avec Ronce, à La Plume ? C’était un avertissement: ils devraient se montrer plus discrets, à l’avenir.

Son oncle soupçonnait-il quelqu’un du musée ? Archie repensa à ce que lui avait dit l’almanach au sujet du Vieux Zeb. Si le relieur travaillait pour les Rapaces, alors, aucun ouvrage à la librairie n’était en sécurité. Plus le jeune garçon songeait à son livre, qui traînait dans un carton à la vue de tous, plus il était inquiet.

Il réfléchit longuement. Pourquoi le magicien lui avait-il envoyé ce bouquin ? Comment avait-il pu prévoir qu’il naîtrait quatre siècles plus tard? Et pourquoi lui ? Qu’avait-il de plus que les autres ?

Une pensée le frappa soudain. Et si le magicien lui avait adressé ce livre parce que seul un chuchoteur aurait les moyens de le protéger ?

— Pssst, Chardon ! souffla-t-il. Lève-toi. Il faut que je récupère mon livre.

— Ouais, ouais, fit son cousin d’une voix endormie. Demain matin, première heure.

— Non ! souffla Archie. Maintenant.

Chardon s’assit dans son lit et se frotta les yeux.

— Une expédition de minuit à La Page Blanche ! Excellent ! Est-ce qu’on réveille Ronce ?

— Non. Elle a besoin de se reposer. On va se débrouiller tous les deux.

*

Les douze coups de minuit venaient de sonner quand Archie et Chardon quittèrent le domicile des Foxe. De nuit, la ville d’Oxford leur parut très différente, presque étrangère. Les vieux bâtiments de grès prenaient des teintes sépia, comme dans une photographie ancienne. De mystérieuses taches d’obscurité rôdaient à chaque coin de rue.

Les deux garçons cheminèrent avec prudence dans les ruelles pavées. Quand ils arrivèrent à la librairie, la boutique était éteinte. Une petite lampe, dans la vitrine, éclairait faiblement la cour.

— Comment va-t-on entrer ? chuchota Chardon.

— J’ai une clé.

Archie la sortit de sa poche et palpa la serrure, essayant de trouver le trou. Non loin de là, une chouette hulula.

— Dépêche-toi ! s’impatienta Chardon. Quelqu’un va nous voir.

Archie tourna la clé et ouvrit la porte. Les deux garçons sursautèrent lorsque la clochette tinta.

— Geoffrey, c’est vous ? marmonna Marjorie dans son sommeil.

— Mince ! souffla Archie. J’avais oublié qu’elle dormait là.

Ils se figèrent un instant, prêts à déguerpir. Heureusement, la libraire se remit presque aussitôt à ronfler.

Archie poussa doucement la porte, en prenant soin de la laisser entrebâillée. Ainsi, ils pourraient filer rapidement si nécessaire. Puis, songeant que la lumière risquait de réveiller Marjorie pour de bon, il éteignit sa lampe torche.

Dans l’obscurité, la librairie était un lieu très étrange. Les allées entre les bibliothèques ressemblaient à de sombres ruelles, où n’importe quelle créature aurait pu se tapir. Archie chercha le carton où il avait déposé son livre.

— Reste ici et monte la garde, chuchota-t-il à Chardon.

Il s’enfonça dans les ténèbres en tâtonnant, les mains tendues devant lui. Il avança précautionneusement vers le fond de la librairie.

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