Apocalypse by Gérard Davet & Fabrice Lhomme

Auteur:Gérard Davet & Fabrice Lhomme [Davet, Gérard & Lhomme, Fabrice]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Politique
ISBN: 9782213714769
Google: 0knJDwAAQBAJ
Éditeur: fayard
Publié: 2020-01-15T06:00:00+00:00

Chapitre 14

Le tailleur de costumes

Jean-Paul Brisard est bien plus qu’un simple tailleur de costumes de luxe. Directeur commercial de la boutique parisienne Arnys depuis 1983, il est un peu la mémoire vivante de la glorieuse enseigne. Brisard a quasiment en tête les mensurations de ses plus prestigieux clients, parmi lesquels François Fillon.

Au lendemain de la victoire triomphale de celui-ci à la primaire de la droite, le 27 novembre 2016, Jean-Paul Brisard reçoit un coup de fil d’un autre habitué, Robert Bourgi. L’avocat d’affaires entend honorer sa promesse d’offrir une « récompense » à son ami Fillon s’il venait à gagner la compétition interne à la droite. « Robert Bourgi m’a appelé après la primaire en me disant qu’il souhaitait offrir deux costumes à M. Fillon, c’était un appel court et il ne m’a rien indiqué d’autre, je n’avais pas besoin de plus d’informations s’agissant de deux clients Arnys, racontera Brisard à la police judiciaire. Je pense que nous sommes juste convenus de partir sur des tissus normaux et j’ai dû lui indiquer que c’était 6 500 euros par costume. »

Dans le même temps, Bourgi appelle Fillon. « Je le félicite et lui dis que j’aimerais bien le rencontrer afin de fêter ensemble sa victoire, rapporte l’avocat. Il me dit qu’il a la tête sous l’eau et me répond qu’il me rappellera plus tard. Je lui réponds que quelqu’un prendra contact avec lui sans lui dire qui. Il s’agissait de la maison Arnys. » Quelques jours plus tard, Jean-Paul Brisard prend contact avec un certain « Guy », qui est au service de François Fillon. Sans même en informer son célèbre client – « pour ne pas le déranger, c’était juste après les primaires », expliquera-t-il –, le tailleur confie à Guy des liasses de tissu afin que l’ancien Premier ministre puisse sélectionner les étoffes qui lui plaisent. Selon Brisard, « Guy s’occupe habituellement des costumes à repasser ou à recoudre ». Agréablement surpris, Fillon découvre donc que son bienfaisant « mécène » lui a réservé un sacré cadeau : de splendides costumes sur mesure, d’une valeur totale de 13 000 euros – prix n’incluant pas l’habituelle réduction de 30 %, puisque seul l’ancien Premier ministre en bénéficiait.

« François choisit lui-même les étoffes avec sa femme, et moi je me tenais au courant », raconte Bourgi. En fait, ce ne sont pas deux costumes que François Fillon doit choisir, mais trois ! Le troisième ? Un cadeau de la maison Berluti qui, décidément, cajole ce client très spécial, il est vrai présenté à ce moment-là comme le probable prochain président de la République. Car, juste après la commande passée par l’avocat d’affaires, Jean-Paul Brisard a rendu compte à son supérieur, Rémi Fritsch-Fontanges, directeur du « sur-mesure » chez Berluti, la maison mère d’Arnys. « C’est à ce moment-là que ce dernier m’a indiqué que la maison Berluti en offrait un, observe Brisard. C’était un geste commercial, il ne m’a pas donné de motif particulier. » Dans ses souvenirs, une offrande d’une

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