[Alatriste-4] L'Or du roi by Pérez-Reverte Arturo

[Alatriste-4] L'Or du roi by Pérez-Reverte Arturo

Auteur:Pérez-Reverte,Arturo
La langue: fr
Format: mobi
Tags: Aventure
ISBN: 2020606550
Éditeur: Alexandriz
Publié: 2000-01-28T23:00:00+00:00


VI

LA PRISON ROYALE

Cette nuit-là, nous nous rendîmes donc à la veillée de Nicasio Ganzúa. Mais, auparavant, je consacrerai un moment à certaine affaire personnelle qui continuait de faire battre mon cœur. À dire vrai, je ne pus rien éclaircir ; mais cela servit au moins à me distraire de la tristesse que me causait le rôle joué par Angelica d’Alquézar dans l’épisode de l’Alameda. Ce fut ainsi que mes pas me portèrent de nouveau vers les Alcazars, dont je fis le tour entier des murailles sans omettre la voûte de la juiverie et la porte du palais, où je restai un temps parmi les curieux, en sentinelle. Cette fois, ce n’était pas la garde jaune qui était de service, mais les archers bourguignons, avec leurs superbes uniformes damés de rouge et leurs courtes piques ; je fus donc rassuré de constater que le gros sergent n’était pas dans les parages et que rien ne viendrait troubler la fête. Devant le palais, la place était noire de peuple, car Leurs Majestés devaient assister à une récitation du rosaire en l’église Majeure, avant de recevoir une députation de la ville de Jerez. Cette affaire de Jerez n’est pas dénuée d’intérêt et vaut la peine d’être contée au lecteur : ces jours-là, les notables de Jerez, à l’instar de ceux de Galice, prétendaient acheter avec de l’argent une représentation aux Certes de la Couronne, dans le but de se libérer de l’influence de Séville. Dans cette Espagne autrichienne, transformée en cour de marchands, acheter une place aux Certes était une pratique fort courante — la ville de Palencia, entre autres, nourrissait aussi cette ambition — et la somme offerte par les habitants de Jerez atteignait le montant respectable de quatre-vingt-cinq mille ducats, qui iraient tomber dans l’escarcelle royale. La démarche n’eut pas de suite, parce que Séville contre-attaqua en subornant le conseil du Trésor, et la décision finale fut que la demande serait acceptée à cette seule condition que l’argent ne vienne pas des contributions des habitants, mais de la bourse personnelle des vingt-quatre magistrats municipaux qui briguaient ce siège. Or mettre en personne la main à la poche était une tout autre histoire ; aussi la corporation jérezienne retira-t-elle sa pétition. Tout cela explique bien le rôle que tinrent les Cortes à l’époque, la soumission de ceux de Castille et l’attitude des autres ; car, juridictions locales et privilèges mis à part, elles seules étaient prises en compte à l’heure de voter de nouveaux impôts ou des subsides pour les finances royales, la guerre ou les frais ordinaires d’une monarchie que le comte et duc d’Olivares rêvait unitaire et puissante. À la différence de la France et de l’Angleterre, où les rois avaient mis le pouvoir féodal en miettes et pactisé avec les intérêts des marchands et des commerçants — ni cette garce rousse d’Isabelle Ire, ni ce fourbe de Richelieu n’y étaient allés de main morte —, en Espagne, les nobles et les puissants se divisaient en deux groupes : ceux



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.