Afterlove by Tanya Byrne

Auteur:Tanya Byrne [Byrne, Tanya]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Hachette Jeunesse
Publié: 2022-06-17T11:05:05+00:00

Si je regagne la librairie avec Esen, c’est parce que, franchement, je n’ai nulle part ailleurs où aller.

— Notre fugueuse est de retour, proclame-t-elle en franchissant le seuil.

— Ouf ! s’exclame Dev, une main sur le cœur. J’étais tellement inquiète.

Esen s’approche du comptoir, où Deborah inscrit quelque chose dans un calepin.

— Je tiens à ce que vous consigniez que c’est moi qui l’ai ramenée, décrète-t-elle en tapotant le carnet d’un ongle. Pas Dev.

Deborah ne daigne même pas relever la tête.

— Un biscuit pour vous récompenser, mademoiselle Budak ? se contente-t-elle de riposter.

— Oui, merci. Un gros avec plein de pépites de chocolat.

Esen virevolte sur elle-même, déboutonne son manteau et se jette sur le canapé. Dev s’approche de moi, le front ridé par l’anxiété. Il est clair qu’elle aimerait me toucher, poser une paume sur mon bras, par exemple, mais elle se retient.

— Comment te sens-tu, Ash ? s’enquiert-elle.

— Très bien, j’élude en haussant les épaules, mains dans les poches.

— Vraiment ?

— C’est bon, plaide Esen. Elle va couci-couça, mais elle tient mieux le choc que toi.

Rigolarde, elle se tourne vers Deborah.

— Vous vous souvenez ?

L’autre continue à écrire, cherchant visiblement à rester en dehors de cette conversation.

— Oui, mademoiselle Budak, lâche-t-elle.

Esen revient à moi.

— Dev était hystéro. On a été obligées de la boucler à l’étage pendant une semaine.

— N’exagère pas ! se défend l’intéressée qui, pour un peu, taperait du pied. Trois jours seulement.

Esen ricane, regarde de nouveau le comptoir. Deborah retire ses lunettes pour se pincer l’arête du nez. Quand elle les remet, ses yeux font la navette entre Esen et Dev.

— Pitié, les filles. Si j’étais encore en mesure d’avoir la migraine, vous m’en colleriez une sur-le-champ.

— Je dis juste que ça n’a pas duré une semaine, maugrée Dev. Esen raconte des bêtises, non ?

— Tranchons pour cinq jours, conclut Deborah en se réintéressant à ses notes.

Dev piaille, tandis qu’Esen brandit les bras en signe de victoire.

— Une semaine ouvrée, donc, se marre-t-elle.

— Ça suffit, maintenant, décrète le mentor d’une voix lasse en montrant un Post-it rose fluo. Il y a eu une autre attaque à l’arme blanche à la gare. Laquelle de vous deux s’en charge ?

— Moi ! s’écrie Esen en levant le doigt. Je n’en ai pas géré une depuis des lustres.

Elle bondit du divan dans une envolée de manteau et s’empare de la note.

— Tu te sens prête ? me lance-t-elle en agitant le papier.

— Non, s’interpose Deborah. Ash a besoin de repos.

— Tant pis, dit Esen en filant vers la porte. À plus !

Le carillon retentit, elle disparaît, et un grand calme retombe sur la boutique.

— L’éternité avec ce tourbillon ?

Je me rends compte que j’ai marmonné tout haut quand Dev soupire.

— Tu comprends pourquoi elles ont dû m’enfermer là-haut pendant une semaine.

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