Ad Vitam Æternam by Céline Langlois Becoulet

Auteur:Céline Langlois Becoulet [Céline Langlois Becoulet]
La langue: fra
Format: epub
Tags: dark romance, Fantastique
Éditeur: Auto-Édité
Publié: 2022-06-22T22:00:00+00:00

Chapitre 12

Enola

Depuis combien de temps suis-je ici ?

Peut-on s’habituer à vivre cloîtré dans une maison sans jamais sortir, sans jamais voir la lumière du jour ?

Pour ma part, j’ai perdu tous mes repères et j’ai de plus en plus de mal à supporter ma longue captivité. Je ne fais que ruminer des idées noires. Ma tante me manque, mes amies me manquent, mon boulot me manque ; le soleil, le vent, la pluie, même les klaxons et le bruit des moteurs de voitures me manquent.

Désormais, je suis une prisonnière modèle, résignée et docile. Je laisse Lachlan faire de moi ce qu’il veut. De toute façon, je ne peux le contrer. Il prend mon corps, encore et encore, et je ne lutte pas. J’éprouve du plaisir, c’est honteux, mais c’est ainsi. Je ne cherche plus à analyser quoi que ce soit. Je prends les choses comme elles viennent. J’ai parfaitement intégré que mon sort dépendait exclusivement de lui. Tant qu’il aura envie de moi, il me gardera ici. Après, je ne sais pas ce qui m’attend : la mort ou le retour à ma vie d’avant ? Quelque part, les deux alternatives signeront ma liberté.

Je chasse mes envies d’évasion pour tenter de me concentrer sur les images qui défilent sur l’écran. Il y a quelque temps, Lachlan est venu installer une télévision et un lecteur DVD. Je bénéficie donc désormais d’une activité supplémentaire. Je lâche un profond soupir en appuyant sur le bouton pause de la télécommande. Ce film d’aventure est bien, mais je ne parviens pas à m’y intéresser. D’ailleurs, plus grand-chose ne m’intéresse. Je n’ai qu’une seule envie : dormir et… rêver ; rêver de grands espaces verdoyants, de belles plages de sable blanc, de lacs aux eaux turquoise miroitant au soleil…

Soudain, j’entends la clé, mais ne bouge pas, sachant d’avance qui va passer le pas de cette porte : soit Lachlan, soit Pavel. Je reste bouche bée lorsqu’une femme franchit le seuil. Il s’agit de la rousse que j’ai vue dans le salon lors de ma dernière tentative désespérée pour quitter cet endroit. Elle s’avance d’une démarche indolente avant de s’arrêter devant le lit dans lequel je suis affalée. Elle me scrute avec une extrême attention et j’avoue ne pas trop savoir quoi faire. Elle est grande, entre un mètre soixante-quinze et un mètre quatre-vingts, et a de jolis yeux verts en amande. Ses cheveux roux foncé, coupés au carré, frôlent ses épaules à chaque mouvement de sa tête. Seul défaut : une bouche un peu trop grande qui mâchouille un chewing-gum d’une façon fort peu distinguée.

— Salut, moi c’est Kat !

— Enola, réponds-je du bout des lèvres.

— Je sais. C’est moi qui te fournis tes fringues depuis que t’es ici, mais honnêtement, elles te vont pas du tout. T’es fagoté comme l’as de pique, ma fille… Tiens, enfile ça, dit-elle en me lançant un maillot de bain bleu turquoise.

Je le rattrape au vol et l’examine, les sourcils froncés.

— Pourquoi ? On va nager ? interrogé-je, méfiante.

Kat fait une énorme bulle avec son chewing-gum avant de ricaner.

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