A quoi servent les riches ? by Jean-Philippe Delsol & Nicolas Lecaussin

Auteur:Jean-Philippe Delsol & Nicolas Lecaussin [Delsol, Jean-Philippe & Lecaussin, Nicolas]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Economie, Scienc sociale
ISBN: 9782709638081
Éditeur: JC Lattès
Publié: 2012-03-20T23:00:00+00:00

Après ces excès des lendemains de guerre, l’impôt sur le revenu se stabilisa jusqu’en 1981 à un niveau, au demeurant élevé, d’imposition au taux marginal supérieur de 60 %. L’élection de Mitterrand en 1981 conduisit à la création d’une tranche à 65 % le 29 décembre 1982 en même temps qu’étaient créées au cours de ces années et sur les revenus de 1980 à 1984 des majorations d’impôts applicables aux contribuables les plus riches de 25 % sur les revenus de 1980, 10 % sur les revenus de 1981… jusqu’à 3 % sur les revenus de 1984.

Tout au long des années d’après-guerre et en même temps que le revenu et le niveau de vie moyens des Trente Glorieuses augmentaient sensiblement, l’impôt sur le revenu se généralisait et la part de cet impôt payé par les plus riches baissait régulièrement. Avant 1940, de l’ordre de 10 % de la population payait l’IGR. C’est pourquoi, en prenant pour cette période le dernier millime dans la part des différents fractiles dans l’impôt total sur le revenu, c’est l’équivalent du dernier centile de la population imposable pour la période ultérieure. Et sur la période de 1936-1938, la part du dernier millime dans le produit de l’impôt baisse sensiblement. Après 1945, il faut élargir le fractile pris en compte pour cerner les plus riches. À cet égard, le dernier centile (les 1 % les plus riches) est symptomatique : en 1945 et 1946 sa contribution à l’impôt baisse très fortement de 81,8 % en 1943 à 61,2 % en 1945 et 45,3 % en 1946 avant de remonter à 67,3 % en 1947. De la même manière, ce centile connaît une baisse de sa contribution de 1982 à 1984 avant qu’elle ne remonte ensuite au niveau antérieur. Ces observations sont vraies aussi pour le décile supérieur (les 10 % les plus riches).

La conclusion évidente de ces séries statistiques est que les plus riches réduisent leur participation à l’impôt lorsque les taux deviennent excessifs. Pourquoi ? Peut-être parce que mieux que d’autres ils savent échapper à l’impôt, ils ont la capacité de s’entourer de conseils avisés à cet effet, parfois ils quittent la France ou la font quitter à certains éléments de patrimoine.

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