A l'assaut de l'empire du disque by Stephen Witt

Auteur:Stephen Witt [Witt, Stephen]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Enquête
Publié: 2016-11-17T23:00:00+00:00

Team Rns Presents

Artist : Eminem

Title : The Eminem Show

Label : Aftermath

Ripper : Team RNS

Genre : Rap

Bit rate : 192 kbps

Play time : 1 hr 17 min

Size : 111.6 mb

Release Date : 2002-06-04

Rip Date : 2002-05-10

La ligne la plus importante, c’était la date du rip, qui établissait que RNS avait eu la primeur de la fuite. Kali rédigeait lui-même beaucoup de ces notes de sortie. Son ton était sarcastique et enflammé, raillant à la fois les groupes de sorties rivaux et les artistes eux-mêmes. Pour The Eminem Show, il concluait par cette question : « D’après vous, qui d’autre était en mesure de vous procurer ça ? »

Quand Kali repérait un album dont il avait vraiment envie, il se mettait à harceler Glover au téléphone. Il devenait impatient et impulsif, et parfois même un peu chiant. S’il devenait trop pénible, Glover retardait la fuite de l’album rien que pour l’enquiquiner. Il savait que Kali avait besoin de lui et qu’il lui était quasiment impossible de trouver quelqu’un d’autre d’aussi haut placé dans la chaîne des fournisseurs.

Mais qui était Kali, exactement ? Glover n’en était pas trop sûr, mais à mesure que se développait leur relation, il a commencé à imaginer un profil hypothétique sur la base de divers détails. Tout d’abord, il y avait l’indicatif géographique 818 de son numéro de téléphone portable : c’était la Californie, plus précisément la zone de Los Angeles. Puis, il y avait la voix que Glover entendait parfois en fond sonore lors des appels téléphoniques : celle de la mère de Kali, selon lui. Il y avait aussi la feuille de marijuana en ASCII-art qui tenait lieu d’emblème pour RNS : Glover était capable de dire si Kali était défoncé quand il l’appelait. Le plus étonnant, c’était toute cette frime hip-hop bidon qu’affectionnait Kali : Kali n’appelait Glover que « D » et il se lamentait auprès de lui qu’il n’aimait pas les Blancs. Personne d’autre que lui ne l’appelait comme ça. La voix à l’autre bout du fil voulait se la jouer cool, Kali voulait se faire passer pour un dur, mais Glover ne tombait pas dans le panneau.

En fait, il trouvait ça condescendant. Glover était peut-être bien noir et c’était peut-être bien un pirate, mais ça ne faisait pas de lui un truand. Il marchait droit à cette époque. Il parlait avec une voix de basse profonde et un accent du sud rural très doux. Il vivait dans une petite ville, il aimait pêcher et allait régulièrement à la messe. Le week-end, il faisait du quad dans la boue des Appalaches. Évidemment, il aimait Tupac comme tout le monde, mais il aimait aussi Nickelback et il avait grandi derrière le volant d’un tracteur. Ses amis disaient de lui que c’était un « plouc noir »85.

Alors, quand Kali se mettait à le prendre de haut, Glover n’en revenait pas. Il n’adoptait plus cette posture depuis des années. Il s’entendait parfaitement avec les Blancs : sa copine, Karen Barrett, était blanche, tout comme son ami Tony Dockery, ainsi que de nombreux membres du Quad Squad.

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