A LA VIE, A LA MORT by Meyer Stephenie

Auteur:Meyer, Stephenie [Meyer, Stephenie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: fantasy
Éditeur: Black Moon
Publié: 2015-10-07T05:00:00+00:00

— Tu es certain que c’est une bonne idée ? demanda-t-elle.

— Il fallait que je sois là.

— Si ça devient trop dur, n’hésite pas à me le dire.

J’acquiesçai. Nous étions à trente mètres du sol, dans les frondaisons d’une ciguë, assis côte à côte sur une grosse branche. Un de mes bras enlaçait sa taille, mon autre main était coincée entre les deux siennes. Je sentis son regard se poser sur moi, tracassé. Notre perchoir s’agita sous l’effet du vent.

À environ trois kilomètres de là, un défilé de voitures remontait Calawah Way, phares allumés bien qu’on soit en plein jour. Au sud-est et contre le vent, nous étions assez prudemment installés pour ne pas à devoir approcher les gens, même si la distance empêchait Edythe de capter les réflexions de l’assemblée. Ce qui n’avait guère d’importance – j’étais sûr de deviner l’essentiel.

Le véhicule qui ouvrait le cortège était un corbillard. Juste derrière venait la voiture de patrouille. Ma mère occupait le siège passager, Phil la banquette arrière. J’identifiai presque tous ceux qui étaient dans les autos suivantes. Je n’avais pas pu assister à la cérémonie, qui s’était déroulée à l’église, il faudrait que je me contente de la mise en terre.

Le corbillard était un peu too much. On n’avait pas retrouvé assez de restes dans la carcasse calcinée de ma camionnette pour qu’ils méritent un cercueil. Si j’avais pu en discuter avec mes parents, je leur aurais conseillé de ne pas dilapider leur argent et de se borner à une urne. Mais bon, ils devaient s’en sentir moins mal… ils avaient peut-être envie d’avoir une tombe sur laquelle se recueillir.

J’avais vu l’endroit où ils avaient choisi de m’ensevelir. Enfin, celui qu’ils croyaient être moi. Le trou avait été creusé la veille. Juste à côté de mes grands-parents Swan. Comme ils étaient morts quand j’étais tout petit, je ne les avais guère connus. J’espérais qu’ils n’auraient rien contre la présence d’un étranger dans leur concession.

J’ignorais le nom du type. Je ne tenais pas à découvrir en détail la manière dont Archie et Eleanor avaient mis en scène mon trépas. Je savais seulement qu’un gars de ma corpulence récemment inhumé s’était vu offrir un dernier voyage. Les signes permettant une identification – dents, empreintes, etc. – avaient été détruits. J’étais assez mal à l’aise vis-à-vis du malheureux, même s’il devait s’en moquer. Il n’avait rien senti quand la Chevrolet avait versé dans un ravin puis explosé quelque part du côté du Nevada. Sa famille l’avait déjà pleuré, une pierre tombale portait son nom, sur laquelle ils pouvaient se rendre. Comme mes parents maintenant.

Charlie et ma mère participèrent à porter la bière. Même de loin, je pus constater que mon père avait pris vingt ans, et que ma mère marchait comme une somnambule. Si elle n’avait pas eu le cercueil auquel se raccrocher, je ne pense pas qu’elle aurait été capable de traverser la pelouse du cimetière sans tituber. Je reconnus sa robe noire, elle l’avait achetée à l’occasion d’un dîner en ville avant de décider qu’elle la vieillissait.

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