Un démon au paradis by Marvin Albert

Auteur:Marvin Albert [Albert, Marvin]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782070301171
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 2003-06-30T22:00:00+00:00

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Les gendarmes arrivèrent quelques minutes plus tard.

CHAPITRE 19

Je posai mon pistolet sur la table de l’entrée avant d’ouvrir la porte. Ils venaient de la gendarmerie de Cap-d’Ail, et nous étions en bons termes depuis assez longtemps pour nous appeler par nos prénoms. L’un s’appelait Guy, l’autre Charlie.

— Je suis absolument désolé de vous avoir dérangés, dis-je. Mais figurez-vous que c’est un malentendu.

Leur regard allait de moi à mon pistolet sur la table et à l’homme au visage poupin qui se relevait. Ils regardèrent aussi le poignard qui se trouvait par terre et Tacho qui s’était retourné pour s’appuyer dos au mur et qui avait l’air d’avoir besoin de soutien, tandis qu’il protégeait son bras blessé de l’autre main. Ça s’était finalement arrêté de saigner, mais il y en avait assez par terre pour qu’il soit clair que ça faisait un bout de temps qu’il était là.

— Un malentendu ? dit Guy, dissimulant mal qu’il n’y croyait pas.

— C’est exact, capitaine, dit le petit homme. (Il se tenait sur ses pieds maintenant, un peu courbé sous l’effet de la douleur persistante consécutive à mon coup de pied.) Et en grande partie, je dois le dire, par la faute de mon garde du corps.

Il montra d’un signe de tête Tacho, qui faiblissait à vue d’œil, pâle comme s’il venait de donner son sang à un éléphant anémique.

— Je suis venu ici, continua le petit homme, pour m’assurer les services de M. Sawyer pour une petite affaire. Malheureusement, il nous a pris pour des cambrioleurs et a sorti son arme. Mon garde du corps a réagi un peu vivement et a dégainé avant que je puisse l’en empêcher. M. Sawyer a tiré et l’a blessé légèrement. Je ne lui en veux pas. Il est ici chez lui et il a cru qu’il était menacé.

Charlie quitta des yeux l’homme pour se tourner vers moi.

— Pourquoi est-ce que j’ai le sentiment qu’on nous raconte des bobards ?

Le petit homme fronça les sourcils.

— Ne soyez pas impertinent, monsieur l’agent.

Il sortit ce à quoi je m’attendais pour le tendre à Guy. Un passeport diplomatique.

Les deux gendarmes avaient la même expression de gêne tandis que Guy ouvrait le passeport et lisait à haute voix le visa français qui y figurait. L’homme au visage poupin y était identifié sous le nom de Roberto Benitez, attaché à l’ambassade de San Marrano en France en tant que conseiller commercial à Marseille. Un fonctionnaire étranger que son immunité diplomatique mettait à l’abri des interventions de la police.

Guy salua avec toute l’impassibilité d’un joueur de poker tout en rendant le passeport. Charlie me regardait avec une indifférence étudiée. Ils allaient m’en vouloir pendant un bout de temps de les avoir plongés dans l’embarras. J’étais de tout cœur avec eux. Mon amour-propre de flic s’était violemment heurté au même mur plusieurs fois, du temps où j’étais policier à Chicago.

On n’est pas censé faire obstacle, gêner ou offenser un étranger protégé par l’immunité diplomatique. Même s’il commet le pire des crimes, le pire qui puisse lui arriver est de se voir demander de quitter le pays.

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