Un Crime En Héritage - Aurora Teagarden T2 by Harris Charlaine

Auteur:Harris, Charlaine [Harris, Charlaine]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: J'ai lu
Publié: 2013-07-06T22:00:00+00:00

8

Je n'avais pas imaginé que la journée de lundi serait aussi trépidante. En arrivant à la bibliothèque, pensant faire un service de quatre heures, j'appris que l'une de mes collègues était souffrante. D'après les autres bibliothécaires, qui s'exprimaient en secouant la tête avec grande sagesse, il s'agissait d'un rhume « de la pire espèce ». À mon sens, tous les rhumes sont de la pire espèce. Notre directeur, Sam Clerrick, me demanda si j'acceptais de travailler pendant huit heures. Après une petite hésitation, je lui donnai mon accord. Je me sentais animée d'une belle noblesse d'esprit. Car je pouvais désormais me permettre (enfin... presque) de ne plus travailler. Rien de mieux qu'une bonne petite séance d'autofélicitations pour se requinquer. Je m'affairai joyeusement toute la matinée, à répondre aux questions et à lire des histoires, installée au centre d'un cercle de tout-petits.

Exaltée par mes bonnes intentions, je n'eus aucun scrupule à prendre quelques minutes supplémentaires pendant ma pause café, pour appeler la compagnie de téléphone. Je voulais absolument disposer d'une ligne chez Jane et leur demandai si mon numéro actuel pouvait également servir pour la maison de Jane, au moins pour un temps. A mon grand plaisir, on m'informa que c'était possible et que le raccordement serait effectué d'ici à quelques jours.

J'étais en train de raccrocher lorsque Lillian Schmidt fit une entrée pesante dans la petite pièce réservée au personnel. Lillian fait partie de ces personnes pénibles qui sont malgré tout dotées de certaines qualités qui les sauvent. On ne peut donc pas les rejeter complètement. Alors qu'on aimerait vraiment le faire. En outre, puisque je travaillais avec elle, il était dans mon intérêt de maintenir des relations conviviales. Étroite d'esprit, Lillian était une commère invétérée. Elle avait malgré tout un sens certain de la justice. Épouse et mère dévouée, elle nous rebattait les oreilles avec son mari et sa fille, jusqu'à ce que mort s'ensuive ou presque. Elle faisait très bien son travail, qu'elle connaissait à la perfection, tout en se plaignant à tout moment à propos de détails si infimes qu'on aurait voulu la gifler. Elle me mettait dans tous mes états.

— Il fait bien trop chaud. Il me faudrait une autre douche, me lança-t-elle en guise de salut.

La transpiration perlait à son front et elle s'empara d'un mouchoir en papier pour tamponner son visage.

— Alors, j'entends que tu es tombée sur un beau butin ? poursuivit-elle en visant la poubelle avec son mouchoir.

Elle manqua son but. Avec un profond soupir contrarié, elle se pencha en avant pour récupérer sa munition. Tout en levant un œil pour guetter ma réaction.

— En effet, répondis-je avec un grand sourire.

Elle attendit que je développe et me toisa d'un air ironique en constatant que je n'en ferais rien.

— Je ne savais pas que vous étiez des amies si proches, Jane et toi.

Sans me départir de mon sourire, j'examinai mentalement plusieurs réponses potentielles.

— Nous étions amies.

Elle secoua lentement la tête.

— J'étais amie avec elle, mais elle ne m'a pas légué sa maison...

Que répondre à cela ? Je me contentai de hausser les épaules.

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