La Roue d'Osheim by Lawrence Mark

Auteur:Lawrence, Mark [Lawrence, Mark]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2017-01-17T23:00:00+00:00

Au bout de trois cents mètres, l’enceinte s’incurvait à proximité d’une bâtisse qui servait à stocker les jambons et autres viandes fumées. Si je le savais, c’était que j’avais un jour eu l’occasion de me frayer un chemin hostile à travers l’entrepôt principal, après que le toit eut cédé sous moi. Il fallait un sacré élan pour sauter du chemin de ronde au bâtiment, mais ce n’était pas impossible, à condition de produire une accélération suffisante et de réussir à convertir cette énergie dans la direction requise lors de l’impulsion décisive.

La clé, quand vous deviez vous réceptionner sur un toit, consistait à savoir où était la charpente, de façon qu’elle absorbe le choc. Je m’étendis de tout mon long, et entamai une glissade immédiate. Une série de gesticulations, tandis que je tentais d’emplir mes poumons brutalisés, me permit de gagner un peu d’adhérence tout en déclenchant une averse de tuiles en terre cuite. Je venais de me retenir au bord du toit quand le premier novice se reçut à son tour sur la pente, et je me redressai tandis qu’il tombait sans un cri, entraînant d’autres tuiles dans sa dégringolade. Le deuxième acolyte creva la surface sans plus de cérémonie au moment où je trouvais mon équilibre sur le faîte du toit et m’engageais dans la traversée, les bras écartés afin de progresser aussi vite que je l’osais, à savoir à une allure peu recommandée. Le troisième novice atterrit directement sur le faîtage, sans être entraîné dans la pente.

L’édifice sur lequel je me tenais était accolé à un autre, plus haut, dont le contenu restait pour moi une énigme parce qu’il bénéficiait d’une couverture plus robuste. Je sautai, me hissai sur le toit suivant en perdant dans l’opération tous mes boutons, de même qu’une quantité de peau dont j’aurais préféré ne pas me séparer. Le novice qui me talonnait manqua d’attraper le pied que j’avais encore dans le vide, mais j’eus la satisfaction de l’entendre se cogner violemment, la tête la première dans la façade, pour fruit de son effort. Un bref regard me révéla que le géant avait parcouru la moitié du premier toit et faisait preuve d’une stabilité déraisonnable, pour une créature si corpulente et d’allure si grossière. Un prêtre dont le bras gauche était cassé se trouvait dans son sillage. Je le connaissais. Il s’agissait d’un acolyte régulier de mon père, mais son nom m’échappait, sans doute plus doué que moi pour la fuite.

Si la fuite constituait une admirable stratégie, un couard se devait aussi de mettre systématiquement à profit tout avantage déloyal. Je reculai le long de mon perchoir, les jambes fléchies, puis opérai un demi-tour en tirant ma dague. Déjà, je regrettais l’épée d’Edris Dean. Deux mains pâles apparurent en bordure du toit, de part et d’autre de la première tuile faîtière. J’abattis ma lame sur les quatre doigts de la main droite en tenant le manche à deux mains et en pesant de tout mon poids. Une seconde plus tard, le visage de mon

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