L’épouse et la veuve by White Christian

L’épouse et la veuve by White Christian

Auteur:White Christian
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2021-05-18T14:34:58+00:00


16

L’épouse

* * *

Ray était déjà parti lorsque Abby se leva. Il ne restait de lui qu’un léger creux de son côté du lit. Elle enfila son legging de la veille, puis descendit sur la pointe des pieds préparer le café et allumer le feu.

Le téléphone sonna au moment où elle entrait dans la cuisine, comme s’il n’avait attendu que son arrivée pour se manifester.

– Allô ?

– Bonjour, ma belle. Je ne te réveille pas, au moins ?

C’était Henry Biller, qui appelait probablement de son bureau exigu, sans fenêtres, adjacent à l’aire de livraison du Buy & Bye.

– Non, répondit-elle en branchant le percolateur. Qu’est-ce qui se passe ? Un problème ?

– Eh bien, j’aurais besoin d’aide au magasin aujourd’hui et, comme tu m’avais parlé de faire des heures supplémentaires, j’ai tout de suite pensé à toi. Les flics ont installé ce qu’ils appellent une « caravane d’information » devant le centre social, pour que les gens puissent venir les voir s’ils savent quelque chose à propos du meurtre, et j’en tire deux conclusions : un, la police patauge, et deux, Bay Street va devenir un vrai champ de foire.

Le percolateur glouglouta, emplissant la pièce d’une bonne odeur du café frais. Des bruits dans la maison révélèrent à Abby que les enfants étaient réveillés et se préparaient pour aller en cours.

– Écoute, Henry, je sais que je t’ai demandé si je pouvais travailler plus, mais j’ai beaucoup à faire en ce moment, déclara-t-elle. Tu n’as personne d’autre sous la main ?

– Danny est parti chez sa petite amie sur le continent, Enza ne me sera d’aucun secours et Marge ne met jamais sa prothèse auditive le matin. Elle n’entendra même pas le téléphone.

– Donc, quand tu m’as dit que tu avais tout de suite pensé à moi…

– Tu es la seule à qui j’ai pensé, en fait, admit Biller. Tu peux être là dans combien de temps ?

– Donne-moi une heure.

– Tu me sauves la vie. Si je me décide un jour à instaurer le système de prime pour l’employé du mois, tu seras la première sur la liste.

– Mais oui, c’est ça, répliqua-t-elle, avant de raccrocher.

Elle remonta prendre une douche, puis repêcha sa tunique marron du Buy & Bye dans le panier de linge sale. Comme le vêtement était encore imprégné des odeurs du rayon traiteur qu’elle avait nettoyé à la fin de son dernier service, elle l’aspergea de déodorant.

En redescendant, elle vit Eddie qui enfilait ses chaussures près de la porte d’entrée.

– Hello ! mon grand, lança-t-elle en le gratifiant au passage d’une tape dans le dos. Amuse-toi bien au lycée. Tâche d’apprendre plein de choses.

– Salut, maman. Bye, maman.

Il ouvrit la porte et s’apprêtait déjà à sortir quand Abby le rappela :

– Eddie ? Attends une seconde.

– Pas plus, hein ? Je voudrais pas rater le car.

Elle le rejoignit sur le seuil et jeta un coup d’œil derrière lui. C’était une belle journée dégagée, mais la pelouse était recouverte d’une épaisse couche de givre.

– Est-ce que tu as



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