FNA 1914 Rawâhlpurgis by Piet Legay

Auteur:Piet Legay [Legay, Piet]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Éditeur: Fleuve noir Anticipation
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE XI

Il était dix-neuf heures en temps universel lorsque le spacemodule s’approcha à très faible vitesse de la grande épave. Wymill se trouvait à côté de Blaster, lui même aux commandes. Derrière, deux hommes de la maintenance attendaient, carapaçonnés comme des Vigilants d’Altaïr, thermique entre les jambes.

Pas plus fiers que ça.

— Patron, che n’ai jamais vu quelque chose de plus chiinistre que cha !

Au fur et à mesure que la distance s’amenuisait, les écrans de visualisation révélaient mieux le long vaisseau désemparé qui, les scanners s’en étaient aperçu par la suite, tournait lentement sur lui-même au rythme d’une rotation toutes les trois minutes.

— Remonte le long de la brèche ! Remonte un peu !

La grosse araignée d’exotitane tangua légèrement lorsque Blaster envoya l’impulsion sur deux des six Vernier préposés aux manœuvres dites « de proximité ». La brèche restait obscure : pour se ménager un semblant de surprise, le spacemodule n’avait allumé aucun projecteur.

— Ch’est un gouffre, hein, patron ?

— Encore une fois arrête de m’appeler patron, pour l’amour du ciel. Remonte un poil.

L’appareil se hissa légèrement et s’immobilisa devant l’énorme anfractuosité. Pendant de longues secondes, un silence absolu régna dans l’habitacle.

— S’agit pas d’une météorite mais bien d’une explosion, diagnostiqua Wymill. Une météorite aurait traversé le vaisseau de part en part et on verrait le soleil de l’autre côté.

Les dents serrées, lèvres soudées, Blaster toucha du bout des doigts sa patte de lapin et neutralisa l’élan qu’il s’était donné, s’étant dangereusement approché du massif des antennes radar.

— Qu’est qu’il y a à cet endroit-là, Blaster ?

Le pilote hésita et finit par avouer

— Je ne connais rien du compartimentage d’un starjet. Aucune idée.

Wymill se mordit les lèvres, en pleine irrésolution.

— Qu’est-ce qu’on fait ? Ch’est vrai qu’on voit de la lumière à l’avant et en dechous. Il leur reste encore un poil d’énergie.

Elias réfléchissait. D’après les rapports de ceux qui avaient vécu le drame d’Orbital-III, ils devaient être au moins trente coincés à l’intérieur. Trente survivants ou trente cadavres ?

Ou un peu des deux ?

— Bien. Mets-toi en stationnaire au niveau du Davis 4 (6) On va sortir.

Le second du Wombat se retourna à demi

— Capelez vos casques et à vos navijets : on y va !

Jusqu’à l’ultime instant, Taxel et Faber avaient inconsciemment espéré qu’ils trouveraient l’épave suffisamment éventrée pour en tirer la conclusion logique et ordonner le retour dans les flancs du Wombat. C’est sans enthousiasme aucun qu’ils verrouillèrent leur casque et s’appelèrent mutuellement à la radio.

— Vous allez y aller, patr... second ?

— Le moyen de faire autrement ?

— Je préfère être à ma place qu’à la vôtre.

— Oui ! répliqua Wymill, en faisant sauter les sangles du harnais qui le rivaient à sa couchette, eh bien, des réflexions de ce genre, tu peux te les garder.

Il recula et plana jusqu’à la minuscule soute.

Moins de deux minutes plus tard lui, Taxel et Faber s’entassaient dans le sas de sortie. Lorsque la cloison blindée se souleva comme une paupière, l’épave, en dépit de ses modestes dimensions leur parut, immense.

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