FNA 1784 - Apex (M57) by Jean-Marc Ligny

FNA 1784 - Apex (M57) by Jean-Marc Ligny

Auteur:Jean-Marc Ligny [Ligny, Jean-Marc]
La langue: fra
Format: epub
Tags: FNA, Science-Fiction
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2010-08-15T22:00:00+00:00


CHAPITRE XXII

Vers la face obscure

... J’étais revenu dans la rue aux junks. Aux accrocs, aux loques humaines, aux déjantés à tout. Encaissée au pied d’une falaise de béton, la rue s’enfonçait dans un centre commercial en ruine, où rôdaient des silhouettes dont certaines n’avaient plus forme humaine. Malgré les regards torves qui me scrutaient, malgré les mains tremblantes qui me touchaient, j’avançais, obstiné, vers le centre commercial – dans l’enfer même.

Je cherchais Bérénice. Je savais qu’elle était entrée là-dedans.

Ça puait la merde et la pourriture. Les murs barbouillés de crasse et de graffiti suintaient l’humidité. Des ordures s’amoncelaient partout, dans lesquelles rampaient d’autres déchets – vivants. Pourtant (par le mystère du rêve) la galerie était éclairée, et quelques boutiques fonctionnaient encore – sex-shops, bars sombres et bazars à dopes essentiellement. Des bandes de gus vêtus de combis renforcées, armés de couteaux, chaînes, tringles affûtées, etc., me dépouillaient du regard. Certains ont commencé à se décoller des murs, à s’arracher du sol pour se diriger vers moi. Je les observais d’un oeil circonspect, intérieurement mort de trouille.

Un nabot aux traits indéfinis, bossu et déformé, s’est matérialisé devant moi, me présentant quelques miettes de poudre jaune au creux de sa main griffue.

— Mec, hé, mec, toi tu veux de la Fleur, ça c’est de la bonne Fleur...

J’ai secoué la tête avec une moue dégoûtée. Sa main a disparu prestement. Il m’a croché le bras, trottinant à mes côtés :

— Qu’est-ce tu veux, hein, qu’est-ce tu veux ? Mon nom c’est Spin. Je te trouve tout ce que tu veux. Alors qu’est-ce tu veux ?

— Je veux retrouver Bérénice.

— O.K. ! Viens avec moi.

Il m’a entraîné dans les profondeurs cloaquales de l’ancien centre commercial, écartant à coups de pied les êtres larvaires qui rampaient vers nous en gémissant des mots sans suite. « Viens, viens, viens avec moi, tu vas la voir, allez viens... » ne cessait-il de répéter.

Il a poussé une porte métallique défoncée, on a longé un couloir sombre et nauséabond, au bout duquel il a ouvert une autre porte.

— Voilà, la voilà, Bérénice...

Tandis que je restais, médusé, sur le seuil, il a éclaté d’un rire caquetant, s’est faufilé derrière moi et a claqué la porte. Je me suis précipité dessus – fermée. Pas le moindre bouton ni poignée.

— Viiiens... viiiens à moooiii..., a susurré la créature qui emplissait la pièce.

Elle évoquait un gigantesque buisson de chair pâle, parcouru de lentes ondulations. Au centre s’ouvrait une bouche démesurée, surmontée de deux yeux immenses – phosphorescents.

Il m’a suffi de fixer une seule fois les yeux pour être piégé. Hypnotisé.

— Viiiens à mmmmmoooooiii..., murmurait la créature, d’une voix reptilienne. Sa gueule énorme bavait ; une langue rouge et spongieuse s’agitait à l’intérieur.

Contre ma volonté, mes pieds ont avancé – avancé vers elle.

— Viiiiens...

Son regard phosphorescent tourbillonnait autour du mien. Au-delà je percevais des cris – avides, affamés.

— Viiiens à mmmoooiiii...

J’étais au bord de la gueule immense qui sentait la mort. La langue a jailli pour me happer.

Je me suis réveillé en sursaut, la tête vrillée par une sonnerie stridente émanant de l’ord de la Puce.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.