Chaplin by Biographies

Auteur:Biographies [Biographies]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2012-01-14T23:00:00+00:00

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1. Charles Chaplin, Histoire de ma vie, op. cit., p. 303.

2. Ibid., p. 303.

3. David Robinson, Chaplin, op. cit., p. 227.

4. Charles Chaplin, Histoire de ma vie, op. cit., p. 307.

5. Lita Grey et Jeffrey Vance, Wife of the Life of the Party, cité in Nadia Meflah, Chaplin et les femmes, op. cit., p. 78.

6. André Bazin, Charlie Chaplin, op. cit., p. 59.

7. David Robinson, Chaplin, op. cit, p. 237.

Les Lumières de la ville

Chaplin a déjà repris son labeur. Il travaille à un nouveau film qui va devenir ce qui est sans doute son chef-d’œuvre, Les Lumières de la ville. Au cours des premiers préparatifs du film, Hannah, sa mère, décède le 28 août 1928 à l’hôpital de Glendale où elle a été envoyée pour une infection de la vésicule biliaire. Chaplin s’est rendu chaque jour au chevet de sa mère, s’efforçant de parler et de plaisanter avec elle. Hannah est enterrée au cimetière de Hollywood, sous une simple dalle. Le chagrin ravage Chaplin pendant plusieurs semaines. Le sentiment de solitude que cause la mort d’une mère, dont la présence a été si déterminante pour lui, rejoint l’imaginaire du personnage du vagabond, errant à la surface du monde. Sans doute cette mort imprègne-t-elle le personnage de Charlot qui réapparaît, dans Les Lumières de la ville, lesté d’une nouvelle gravité. Se joue, dans le film, une tragédie de la parole qui mêle destin individuel et forme esthétique. La voix de Hannah s’est éteinte définitivement et Chaplin doit à nouveau reprendre la parole. Il doit réaliser un film muet qui « parle » au spectateur, qui suggère le langage du corps et des situations tout comme l’éloquence du silence, auquel voue la condition métaphysique de l’homme moderne. Tâche difficile et paradoxale que Chaplin, pourtant, va mener à bien. Comme l’écrit justement Nadia Meflah, Hannah « meurt au moment où Chaplin se retrouve acculé à parler. Le monde du cinéma qu’il a créé est en train de disparaître sous ses yeux. Impuissant, il ne peut rien faire contre l’arrivée du cinéma parlant. La pantomime devient obsolète, les stars du cinéma muet meurent les unes après les autres. Il mettra plus de dix ans à pouvoir parler. Dix ans de deuil, dix ans de balbutiements et de tâtonnements avant qu’enfin il restaure la parole perdue à jamais de sa mère1 ».

Si ce nouveau film est primordial pour comprendre l’esthétique de Chaplin, c’est parce que s’y dit, plus explicitement que dans les films précédents, la relation de Chaplin à la parole qui détermine le statut social et métaphysique du vagabond. Au milieu des années 1920, le son révolutionne l’industrie cinématographique. Déjà Edison a tenté, dès 1894, de mettre au point un kinétophone doté d’un cylindre phonographique, support d’un enregistrement qui dure une minute. Lors de l’Exposition universelle de 1900, Léon Gaumont couple un phonographe avec un projecteur et montre de courtes scènes ainsi réalisées. Mais c’est le développement de la radio, du phonographe, du téléphone qui, dans les années 1920, précipite les choses.

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