Ça aurait pu être le paradis by Camilla Grebe

Ça aurait pu être le paradis by Camilla Grebe

Auteur:Camilla Grebe [Grebe, Camilla]
La langue: fra
Format: epub
Tags: 2018-09-05T16:08:35.035000-03:00 JF
Éditeur: Le Serpent à plumes
Publié: 2010-04-30T22:00:00+00:00


LA NUIT, sa maison ressemblait à un aquarium. Elle illuminait toute la baie, trônant comme un énorme cube entre les rochers. J’observais la maison, et la maison me regardait à son tour avec ses yeux jaunes brillants, mais toujours indifférents.

De mon poste d’observation sur le tas de pierres lisses – toujours chaudes après cette journée ensoleillée – je pouvais suivre chacun de ses pas, alors qu’elle déambulait de pièce en pièce avec une lampe de poche gigantesque dans une main et un verre de vin dans l’autre.

Quelques mètres derrière elle se trimbalait l’autre aux cheveux blonds hérissés. Un sein faillit sortir du négligé minimal qu’elle portait, et j’ai senti son ventre se nouer. Comme si elle avait lu dans mes pensées, elle s’est dirigée lentement vers la fenêtre, et pendant un instant j’ai pu la voir de face. Elle a joyeusement passé sa langue sur sa lèvre supérieure et a souri.

Puis je me suis approché de la fenêtre, j’étais peut-être à deux mètres. Les deux se trouvaient à la cuisine. Versaient de la nourriture pour chats dans un bol. Plus tard, elle mettrait le bol dehors pour le chat. Le lendemain, elle irait le chercher, et il serait toujours aussi rempli.

Je me suis éloigné de la fenêtre et j’ai regagné mon campement improvisé où j’allais passer la nuit. Puis je me suis allongé dans mon sac de couchage, et suis resté comme ça sans dormir jusqu’à ce que les premiers rayons du soleil caressent les rochers nus.

Et tout à coup, elle est revenue vers moi : ses cheveux étincelants étaient partout sur les feuilles couvertes de rosée qui brillaient dans la lumière de l’aube.

Je les caressais de mon regard.

Sa peau se trouvait sur le tronc blanc des bouleaux qui se penchaient sous la force de la brise automnale. Et son sang coulait en moi. Autrefois, elle était moi, nous étions une seule personne, deux incarnations du même être, du désir de la vie elle-même.

Elle me manque.

Tout ce que je fais, je le fais pour elle. Pour rendre justice, là où il n’y a pas de justice, pour donner du sens à ce qui n’en a pas. C’est la seule chose dont je suis capable.

Je ne sais pas comment je pourrais faire autrement. Je n’ai jamais eu le choix. Cette pensée me réconforte. Me libère de mon sentiment de culpabilité.



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